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Associations # Saint-Nazaire

L’Apami, ou l’art du présent

L’Association de pratique des arts martiaux internes vient de renouveler son conseil d’administration. Du sang neuf pour une même philosophie.

Véronique Chopin.

Les arts martiaux internes sont définis comme le principe de “l’agir par le non-agir”, soit une forme de “méditation en mouvement”, « le calme dans le volcan du présent, le “ici et maintenant”  », nous dit Véronique Chopin, nouvelle présidente qui
pratique depuis quatre ans le taï chi chuan après deux années de qi gong avec Maître Kiro Ker autour de qui s’est créée l’association en 1997. “Maître”, titre que récuse pourtant ce dernier, qui se considère comme un professeur. Au bout du compte, ses élèves l’appellent tout simplement – et très respectueusement – Kiro.
« Cette pratique permet une réelle amélioration de la santé, perceptible dans des petites choses ordinaires, poursuit Ysabel Hallé, en cinquième année. On créé nos propres vitamines. »

Ysabel Hallé.

« Le taï chi chuan relie la santé physique et morale, résume Kiro Ker. Il peut se pratiquer de 17/18 ans à plus de 80 ans. On peut aussi s’y mettre tard. Il ouvre le corps, les articulations, les méridiens, il réchauffe, et fait travailler la mémoire et l’équilibre. »

En effet, il s’agit de mémoriser une “phrase” gestuelle de 108 séquences découpées en trois parties de plus en plus complexes : la terre, l’homme (l’humanité), le ciel. « En Chine, le taï chi se pratique dans les parcs. On suit en silence le mouvement d’une personne, et puis un jour, on s’aperçoit que l’on est suivi, parce que l’on a progressé : c’est l’art de la persévérance et de l’engagement », continue Kiro Ker.

Nous ne nous attendions pas à ouvrir une histoire de vie lorsque nous avons demandé à cet homme discret et souriant quelle fut sa rencontre avec les arts martiaux. « Je viens du Cambodge. Il y avait beaucoup d’immigrés chinois dans le pays à l’époque, j’avais un ami chinois à qui le grand-père léguait le taï chi, comme le veut la tradition, cet art martial se transmettant familialement de génération en génération. J’ai pu bénéficier de son enseignement en même temps que mon copain. »


Exil et transmission

Kiro Ker a quitté le Cambodge le 12 avril 1975, « probablement par le dernier avion à décoller du pays » avant la rupture du pont aérien. Il a 23 ans et vient suivre des études d’anglais à l’université de Jussieu, préfère-t-il nous dire, par pudeur. Trois jours plus tard, « les Khmers rouges ont pris Phnom Penh. Le Cambodge avait disparu. Je me retrouvais brutalement apatride, sans nouvelles de ma famille, sans argent. »

Kiro Ker ne parlera pas de sa ville vidée de ses habitants envoyés de force à la campagne ni  des massacres de 2 millions de personnes. « Le Secours catholique de Paris m’a mis en relation avec le docteur Leroux qui travaillait à Saint-Nazaire, à Heinlex. Il m’a accueilli pendant un mois chez lui. Je suis ensuite entré avec une bourse à l’IUT, où je logeais sur place. Je faisais en plus des remplacements comme agent hospitalier à l’hôpital. Je donnais également des cours de karaté à l’IUT et dans une Maison de quartier, j’étais ceinture noire, mais l’esprit du karaté était différent en France, plus combatif qu’une démarche personnelle, cela ne me convenait pas. »

Kiro Ker prend contact avec la Fédération française de taï chi, encore peu pratiqué sur l’Hexagone, et participe à des stages dirigés par le maître chinois Yang Zhenduo, puis par Yves Blanc. Il obtient la nationalité française en 1980, fait venir une partie de sa famille, donne des cours dans un bâtiment qui n’existe plus place des 4 z’Horloges, se marie avec une Nazairienne, a des enfants… dont un fils parti enseigner au Cambodge.

« Le taï chi chuan peut être pratiqué en tant que sport de combat, mais il reste avant tout un art de bien-être, de fluidité, de mouvements enchaînés avec harmonie, un état de tranquillité intérieure. Il est aujourd’hui difficile de le  transmettre à ses enfants, alors je le transmets à mes élèves. »

Vous l’aurez compris, l’Apami et son “professeur”, c’est aussi un certain esprit.

///// POUR INFO /////
L’Apami dispense des cours de taïchi chuan et de chigong 5 saisons à l’école Lamartine et à l’école Carnot, à Saint-Nazaire.
Elle propose également des stages certains dimanches matins.
Il est possible d’assister à deux cours gratuits et de s’inscrire en cours d’année.