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Associations # Saint-Nazaire

Le vélo, une question de mode ?

Comme au niveau national ou local, on observe un envol de l’usage du vélo
à Saint-Nazaire. Effet de mode ou véritable dynamique de fond ?
Plaisir estival ou réel acte écologique ? Comment donner une place équitable
aux piétons, aux cyclistes et aux automobilistes ? Nous avons donné la parole
à des acteurs nazairiens du vélo. Eléments de réponses.

« Les gens veulent avant tout de la sécurité »

Julian Kerjose
Gérant de la boutique Raconte moi un vélo et animateur de l’atelier participatif  de l’association Bicyclêtre

« La dynamique de l’utilisation du vélo a bel et bien commencé avant le coup de pouce de l’Etat*. S’il reste néanmoins une part de saisonnalité, un boom pendant l’été, c’est dorénavant beaucoup plus lissé sur le reste de l’année. Maintenant, même en temps de pluie, les gens se déplacent à vélo. Il suffit de les voir sur le remblai pour s’en rendre compte. Mais cette utilisation accentuée tient énormément aux différents aménagements. Les gens veulent avant tout de la sécurité lorsqu’ils circulent. Une bande sur la chaussée n’est pas suffisante pour les rassurer. Ce qu’ils attendent, ce sont des pistes cyclables sécurisées. Si un jour une piste était aménagée sur le pont de Saint-Nazaire, qui pourrait également servir aux bus, c’est certain les gens se déplaceraient des deux côtés de l’estuaire. Mais aujourd’hui c’est beaucoup trop dangereux. Autre aménagement à prévoir : pourquoi ne pas mettre l’avenue de la République en vélo-rue, c’est-à-dire qu’un automobiliste aurait l’interdiction de doubler un vélo dans cette rue, puisqu’il n’y a pas un mètre d’écart lorsqu’il le dépasse. Il faut rappeler que la voiture, c’est un budget de 505 euros par mois, entre le carburant, l’emprunt, le prix de stationnement, le budget entretien… »

* Prime d’Etat de prise en charge jusqu’à 50 € pour la remise en état d’un vélo.
** Deux moyens de transport ont été mis en place pour permettre aux cyclistes de traverser le pont de Saint-Nazaire : des navettes vélo gratuites durant l’été et des bus équipés de 8 places vélo tout le long de l’année.

« Je me suis mis au vélo depuis trois ans pour mes déplacements en ville.
Par contre, je suis très agacé par tous ces jeunes en vélo électrique dont la fabrication des batteries consomme tant d’énergie et de métaux rares.
Et après, le recyclage ?
» (Bastien, 26 ans)


« C’est sûr, on est sur une dynamique »

Damien Lecardonnel
Fondateur du Vélo Jaune, camion-boutique de réparation hébergé aux Abeilles

« On est débordé. Avec la prime coup de pouce de l’Etat, les gens ont ressorti leurs vélos pour les remettre en état. En ce moment, Il devient plus difficile de trouver un vélo d’occasion, les prix sont en train d’augmenter. Même pour les neufs, la situation a été tendue pendant quelques mois, la demande a été très forte, mais aujourd’hui c’est revenu à la normale. Cela s’explique par cette prime, les aménagements comme l’augmentation des pistes cyclables et la recherche d’une nouvelle mobilité plus écologique. Mais il faut aussi dire que pour le moment on a une météo favorable. C’est sûr, on est sur une dynamique. Maintenant, reste à voir si cette dynamique sera toujours aussi forte. La circulation en voiture reste trop facile sur Saint-Nazaire, le trafic est assez fluide. Les gens ont donc encore le réflexe de prendre leur automobile. De mon côté, une bonne moitié de ma clientèle roule beaucoup à vélo, que ce soit pour aller au travail ou se déplacer plus quotidiennement. Je le vois par l’usure de leur vélo… »


« Chacun doit respecter les autres »

Yveline Guioullier
Présidente de Place au vélo Estuaire (Saint-Nazaire, Brière et Presqu’île)

« De nouvelles personnes, majoritairement autour de 50 ans, nous contactent pour réapprendre ou même apprendre à faire du vélo. Pour des balades, mais aussi pour faire des courses de proximité et se déplacer dans la ville. Les pistes cyclables ne cessent de se développer, cela va dans le bon sens, mais il y a encore trop d’incohérences et les avis venus du terrain ne sont pas toujours écoutés, c’est bien dommage. Les circuits manquent de continuité, on ne sait parfois plus où aller, sans compter les pistes qui tournent subitement à angle droit… Une limitation de vitesse à 30 km/heure au centre-ville serait aussi rassurante pour tous. Plus de concertation apporterait plus d’efficacité.

Et puis, il faudrait plus de communication à destination de tous les usagers, qu’ils soient automobilistes, cyclistes ou piétons, pour que tout le monde sache quoi faire et quels sont les droits des autres. Peu d’automobilistes sont au courant du fait qu’un petit panneau en triangle avec une flèche autorise les cyclistes à passer un feu rouge pour tourner, de même peu de cyclistes sont au courant qu’ils ne peuvent traverser à vélo sur un passage clouté… Et tous ces piétons qui marchent sur les pistes cyclables… Cela demanderait des campagnes d’information et d’éducation qui éviteraient nombre d’agressions et d’accidents, chacun doit respecter les autres pour être lui-même respecté. Nous le faisons auprès de nos adhérents, nous allons nous-mêmes suivre une formation, mais ce n’est pas suffisant. Il faudrait toucher la Sécurité routière, les auto-écoles, les établissements scolaires, les commissariats.

Cela dit, je crains fort que cet engouement pour le vélo n’en prenne un coup cet hiver, mais j’espère me tromper. »

« Le vélo ? Et ma mère de 86 ans, je la mets sur le porte-bagage ? » (Odile, 61 ans)


« Les vélos électriques, c’est aussi un problème »

Christian Pierre
Vice-président d’Atlantique Vélo Sport, organisateur de la Bourse aux vélos

« La Bourse aux vélos qui devait se tenir du 5 au 7 novembre a dû être annulée. Nous en sommes évidemment très déçus, mais les vélos d’occasion sont tellement courus en ce moment que nous aurions probablement eu moins de vélos à proposer… On voit des vélos partout avec un nombre grandissant d’électriques. Cela devient limite au niveau sécurité. Si les automobilistes ne sont pas toujours compréhensifs, il faut dire aussi que les cyclistes ne respectent pas toujours le code la Route et que certains font même n’importe quoi. La région est idéale pour cette pratique, les côtes sont rares et il existe pas mal de pistes cyclables, mais il faut être vigilants, certaines pistes sont compliquées, d’autres s’arrêtent d’un coup, celles qui sont à double sens sont dangereuses car on fait attention aux voitures et non à d’autres vélos. Quant aux vélos électriques, c’est aussi un problème parce que les automobilistes ne sont pas habitués à une telle vitesse et peuvent être surpris par l’arrivée brutale d’un cycliste. Il y a donc encore des choses à régler pour que tout fonctionne bien entre les usagers. Mais je pense que ce mouvement général va perdurer, surtout avec le confort des vélos électriques. »

« Dans ma famille, on s’est toujours déplacé en vélo, mon grand-père allait travailler aux Chantiers, ma grand-mère au marché. Je continue la tradition » (Denise, 54 ans)


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Le vélo à Saint-Nazaire en chiffres /////

Jour de marché aux halles.

Offre de location par Vélycéo :
Vélos à assistances électriques : 1 850
Vélos standard : 80
Vélos triporteurs : 4

200 km d’itinéraires vélos aménagés par la Carene

Sur les 463 000 déplacements quotidiens des habitants de l’agglomération, près de la moitié portent sur des distances inférieures à 3 km et 6 déplacements sur 10 sont effectués au sein de la même commune.

Objectif 2030 de la Carene: 55 % des usages de moins de 3 km en vélo contre 40 % aujourd’hui.

(source plan de déplacement urbain de la Carene).