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Associations # Saint-Nazaire

L’Outil en Main : la passion de transmettre

L’association propose aux enfants d’être initiés aux métiers manuels par des gens de la profession. Reportage un mercredi après-midi auprès des bénévoles de Saint-Nazaire.

Comme chaque mercredi à 14h, une quarantaine d’enfants âgés de 10 à 14 ans s’affairent autour des différents ateliers de l’Outil en Main. Avec sa blouse bleue, Kévin, 9 ans, apprend à tricoter. Le jeune garçon n’y voit rien à redire, rompant avec les stéréotypes de genre. « C’est la première année que je viens. Les mercredis après-midi, je restais à la maison. Je préfère être ici à faire les choses », dit-il. Il se révèle à l’aise dans l’exercice. L’objectif est de pouvoir faire une petite peluche en laine. A ses côtés, Geneviève observe la régularité de ses mailles et lui donne des conseils sur les bons gestes. « Il est plutôt doué, souligne-t-elle. Regardez ce qu’il a déjà fait en deux mercredis. Il a tout compris. Heureusement que j’ai emmené du travail. » Cette femme à la retraite qui a créé un atelier de couture à l’Office socioculturel de Donges vient tous les mercredis comme bénévole à l’Outil en Main. Transmettre son savoir lui tient particulièrement à cœur.

« J’ai même appris à tricoter à mon fils. Vous savez, j’étais l’aînée d’une grande famille. Quand j’étais jeune, on m’exemptait de corvées de vaisselle parce que je devais tricoter les pulls de mes frères qui allaient partir en colonie », raconte-t-elle avec le sourire.

Faire changer de regard

Plus loin, Maélys, 14 ans, suit les instructions d’un tapissier à la retraite. C’est sa deuxième année ici. Elle reproduit sur un calque les motifs qui orneront un petit fauteuil. « On voit qu’elle a une plus grande dextérité avec l’outil que son petit camarade qui vient pour la première fois », explique-t-il. Sa collègue bénévole acquiesce de la tête. Maélys vient ici parce qu’elle aime « bien faire les choses », mais surtout parce qu’elle doit choisir cette année son orientation professionnelle. « Je ne sais pas encore ce que je veux faire, mais j’aime bien les métiers de l’artisanat. » Une réussite pour l’association, qui se bat pour faire changer de regard et saper les préjugés sur ces métiers qui sont trop souvent perçus comme les seuls débouchés pour des enfants au parcours scolaire difficile.

Pour convaincre, l’association a choisi de tabler sur la transmission de valeurs comme le partage et l’écoute. D’autant plus que la culture du résultat y est absente, laissant ainsi les enfants évoluer à leur rythme. « Même s’il y a ni note ni évaluations, les enfants ne sont pas là pour bricoler. Toutes les trois semaines, ils changent d’atelier, encadrés par des bénévoles. Ils ne choisissent pas. Le parcours complet se fait sur deux ans pendant lesquels ils vont découvrir 20 ateliers différents, souligne avec force Fabienne Birot-Pauly, présidente de la structure nazairienne et chef d’entreprise en menuiserie. Mais notre objectif n’est pas d’en faire des apprentis. » Même s’il y a un réel satisfecit lorsque certains intègrent les écoles de formation à l’artisanat à la suite d’un passage dans l’association.

Trouver des bénévoles

Les bénévoles qui encadrent les enfants sont tous des anciens professionnels de leur secteur. Mais venir ici tous les mercredis est bien plus qu’une occupation. Ils sont tous animés par cette même volonté de transmettre.

« Avant, les enfants apprenaient avec leurs grands-parents. Aujourd’hui, les familles sont dispersées géographiquement, ce lien de transmission est devenu plus occasionnel », rappelle la présidente.

Plus qu’avec des paroles, ils racontent leur métier, leur passion. A quoi sert l’outil, comment le prendre ? « Tu vois, avec un compas, tu peux tout faire », explique un bénévole en menuiserie à un jeune garçon rebuté par l’utilisation de cet instrument qui lui rappelle un peu trop les exercices de géométrie à l’école.

La formule fonctionne très bien. Tellement qu’aujourd’hui, l’Outil en Main de Saint-Nazaire n’a plus besoin de faire de la publicité auprès des parents et du jeune public. Avec 41 enfants, ils sont complets bien avant la rentrée. Reste pour autant le même défi chaque année, et encore plus avec la Covid-19 : trouver des bénévoles* qui accorderont de leur temps pour ainsi faire perdurer savoir et valeurs, notamment à Saint-André-des-Eaux où une nouvelle structure est en train d’être montée.

* L’antenne de Saint-Nazaire recherche toujours des bénévoles, notamment en coiffure.

 

///// A Saint-André-des-Eaux /////

L’association se développe chaque année et ouvre des antennes dans les communes de la Carene. Après Guérande, Pornichet et Saint-Nazaire, une nouvelle structure va voir le jour à Saint-André-des-Eaux (local encore à aménager) et recherche des bénévoles, idéalement deux à trois bénévoles par atelier (tous corps de métier).
Renseignements : Loutilenmain.44standre@gmail.com