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Associations # Saint-Nazaire

Les Passereaux prennent leur envol

La toute nouvelle compagnie théâtrale Les Passereaux construit son nid à Saint-Nazaire, entre créations en cours et projets.

Tous deux comédiens parisiens, Suzanne Tandé et Laurent Martial se sont installés à Saint-Nazaire il y a trois ans avec, pour objectif, outre un changement de cadre de vie, de fonder leur propre compagnie. De rencontre en rencontre, majoritairement à l’épicerie coopérative la Coop du coin dans laquelle ils se sont investis, ils ont enfin créé l’association Les
Passereaux en juin 2020.

Laurent Martial et Suzanne Tandé, co-fondateurs des Passereaux.

“Passereaux”, comme “passeurs” ou “passerelle”. Ou « comme ces petits oiseaux communs qui viennent égayer nos jardins, nous éveiller le matin en nous donnant du baume au cœur », raconte Suzanne Tandé, qui, après avoir quelque temps travaillé à Athénor, s’est concentrée avec la plasticienne Izabela Matoš et un vielliste sur la création pour jeune public Wazo. Un spectacle interactif répété dans des écoles nazairiennes avec la participation active des enfants et dont une forme brève a été présentée à des professionnels le 5 février dernier à l’école Madeleine-Rebérioux.

« Je suis également chanteuse, et j’ai suivi une formation musique pour les tout-petits et pour les personnes en situation de handicap. Tout est parti de jeux de mains, jeux de doigts et de l’idée des papillons que les enfants miment si spontanément. Or, ces papillons sont en train de disparaître. Les enfants continueront-ils à les représenter avec leurs petites mains ? Tout comme les oiseaux qui se raréfient. Ce spectacle est un peu un cri du cœur, la ritournelle d’un petit oiseau plein de vie, mais dont le temps est compté », continue Suzanne Tandé, qui fait ici intervenir le jeune public à l’intérieur d’un paysage sonore poétique quand Izabela Matoš fabrique avec eux des costumes à base de matières récupérées dans la nature.

Une forme et une thématique qui ont interpellé le Conservatoire de Saint-Nazaire, partenaire sur cette création soutenue par la Ville qui devrait être programmée au Théâtre dans le cadre de l’édition 2021 du temps fort pour la jeunesse Saut-de-mouton si la pandémie ne continue pas à tout déstructurer.

Pour les adultes aussi

Une pandémie qui n’a pas freiné l’élan de la compagnie puisqu’elle travaille parallèlement sur Je mourron ben sans qu’on nous tue, un spectacle pour adultes autour de l’œuvre du poète et chansonnier libertaire Gaston Couté*, déjà repris par les plus grands, tels Edith Piaf, Marc Ogeret, Gérard Pierron ou La Tordue.

« Les textes de Gaston Couté font partie de moi, toute petite j’ai été bercée par la voix de Gérard Pierron, que j’ai rencontré et qui m’a présenté l’accordéoniste angevin Francis Jauvain. Gaston Couté, qui a beaucoup écrit en patois beauceron sur la paysannerie, la possession, le partage, a un rapport totalement jouissif à la vie. Il dénonce tout ce qui nous coupe du plaisir d’être là. C’est une plongée dans le patrimoine poétique français pour laquelle nous ne voulions pas d’un tour de chant traditionnel. »

C’est donc accompagnés par la chorégraphe Ariane Derain que Suzanne Tandé et Francis Jauvain à l’accordéon et l’accordina ont commencé à construire un spectacle inclassable entre musique, danse et théâtre. Sans moyens, la compagnie a donné de son temps et de ses deniers avant de lancer un financement participatif qui l’a bien aidée, comme l’a également fait Quai des Arts de Pornichet en lui offrant son plateau au mois de mars pour une semaine de répétitions. « Nous avons bien avancé, nous avons trouvé le rythme du spectacle. Quai des Arts devrait nous réinviter, probablement en avril, et nous avons des pistes de vente à Douardenez et au festival Gaston Couté de Meung-sur-Loire. »

Décidemment, ces petits oiseaux nés en pleine tempête sont bien énergiques. Avec encore d’autres projets pour très jeune public, dont un spectacle pour bébés et parents, comme tant d’autres artistes ils ne baissent pas les bras au cœur du marasme que vit aujourd’hui la culture. Nous leur souhaitons de tenir bon le vent.

* 1880-1911.