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Livres # Donges

Faire face à ses démons

Enfant, Claire Barreteau a été victime de harcèlement scolaire. Dans son premier roman autoédité, “Ce qui ne te tue pas”, cette institutrice de l’école de Donges relate cette souffrance qui peut tuer à petit feu.

« Ce qui ne me tue pas me rend plus fort. » Telle est la phrase de Nietzsche* que l’on se répète pour faire face à un échec, un traumatisme, un obstacle… Mais pour Anaïs, chef de réception dans un hôtel parisien, ce leitmotiv n’a pas eu l’effet escompté. A 31 ans, elle n’a pas confiance en elle, éprouve des difficultés à tisser des relations sociales et se renferme toujours plus sur elle-même. Cette fragilité est née dès l’adolescence, à cause de moqueries que les enfants peuvent dire sans se rendre compte des conséquences. Un rejet qui s’est amplifié au fil du temps et qui est devenu plus violent : des crachats… jusqu’aux coups. Dans le cas d’Anaïs, les adultes n’ont pas vu ou n’ont pas voulu voir. Sa mère a préféré lui répéter ces mots, « défends-toi ».

« Anaïs, c’est en partie moi. A l’école, j’ai subi du harcèlement et je ne savais pas comment faire pour me sortir de ça », confie Claire Barreteau, institutrice et auteur du livre Ce qui ne te tue pas, auto-édité via Amazon, dont le personnage principal, Anaïs, devient à l’âge adulte une proie facile pour son employeur, un homme pervers narcissique, et continue de faire face à ses démons…

///// COMME UNE THÉRAPIE /////

A la lecture de ce roman psychologique, on peut penser que le sort s’acharne un peu trop sur le personnage, malmené par son patron, par ses collègues, par les hommes, par sa famille. L’omniprésence du narrateur ajoute à cette sensation d’exagération. Il nous prend par la main, comme un enfant à qui l’on montre le droit chemin. Mais cette surcharge d’explications et ce réel poussé à l’extrême montrent la volonté de l’auteur d’interpeller le lecteur : « Le harcèlement scolaire a des conséquences sur la vie adulte. On peut vivre avec, mais on a du mal à s’épanouir et à faire confiance aux autres. Longtemps, je me suis dit que je ne croyais pas en l’espèce humaine. » Claire Barreteau ne s’en cache pas, cet ouvrage joue pour elle le rôle de thérapie.

Aujourd’hui comblée par sa vie de famille, elle garde un œil attentif sur ses élèves de l’école Aimé-Césaire de Donges. « Une année, une petite fille qui était plutôt du côté des enfants critiques a été en désaccord avec son groupe et s’est retrouvée en position de victime. Dans la classe, on a travaillé sur le harcèlement. Les choses ont changé et elle est venue me remercier en me disant qu’elle avait compris certaines choses qu’elle ne voyait pas avant. Souvent, pour les enfants, c’est un jeu, mais je crois que l’on ne peut pas rire de la même façon avec tout le monde. »

* Phrase extraite de l’essai Le crépuscule des idoles (1888).