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Portraits # Saint-Nazaire

Pamphile Hounsou, dit BsF : le grand frère du rap

Depuis vingt ans, l’artiste poète anime la scène rap de Saint-Nazaire. Il sortira un nouvel album en 2021.

Pamphile Hounsou n’est plus à présenter. A 39 ans, l’ancien animateur des Maisons de quartier et président de son association NCA Tranqu’s, celui qui a pris pour nom de scène BSF (Béninois si Féroce), est devenu l’une des grandes figures du rap nazairien. Même s’il a horreur qu’on lui colle une étiquette.

« Je fais du rap, du slam, de la poésie, je préfère être vu comme un artiste poète », prévient-il.

Après un premier album en 2015, Artiste de rue, qui a rencontré un succès d’estime, le Nazairien sort un nouvel opus pour 2021. Il est d’ailleurs déjà prêt et plus de mille CD sont dans les cartons, en attente d’être vendus. « Avec le confinement, je ne sais pas quand je pourrai faire sa sortie officielle… » Car qui dit album dit également scène pour le promouvoir, ce qui est impossible pour le moment*. Pamphile Hounsou l’a entièrement autoproduit. Une démarche voulue et même revendiquée tant il est animé par un farouche esprit d’indépendance, sans compromis pour plaire ou paraître “fashion”.

« Je veux tout simplement rester vrai », dit-il simplement.

Il signe un rap mature, authentique, avec un côté “old school” assumé, qui garde l’esprit d’origine de cette musique née de la contestation.

De la Seyne-sur-Mer à Saint-Nazaire

Tout débute pour lui en 1992 lorsque, en provenance de la Seyne-sur-Mer, dans le Var, il débarque avec ses parents à la Bouletterie, son père, qui travaillait sur les chantiers navals de Toulon, ayant été muté. Le rap de l’époque, c’est MC Solaar, Arsenic, IAM, NTM, le Ministère Amer ou encore le 113. Ses deux frères qui rappent déjà le sollicitent pour écrire des textes et ils forment ensemble un premier groupe, la Chronique du Vice, puis Sans-scrupule. Les textes sont violents, bruts. Rapidement, Pamphile Hounsou se rend compte qu’il « n’assume pas ce qu’il rappe ». Il oriente donc sa plume afin de « rester le plus authentique possible ». Une écriture qui le fait repérer pour animer des ateliers d’écriture dès 2003. Il continue alors à se produire avec ses « potes », forme des groupes comme Gachette verbale avec 2Gom et Diabo, qui deviendra NCA, et fondera le fameux collectif Westeam avec genocy2 qui sera la locomotive du rap nazairien jusqu’en 2011. « On avait comme projet de construire un studio d’enregistrement. Mais il y a eu un retour à la réalité, une société de production éponyme nous a menacés d’un procès. » Résultat : il n’a jamais vu le jour.

Depuis, Pamphile Hounsou continue seul avec la même passion qui l’animait à l’adolescence.

« Beaucoup ont arrêté, mais gardent toujours leur plume », leur rend-il hommage.

Lui, évidemment, a également dépassé les codes du rap, multiplié les projets et surtout continué à soutenir la nouvelle génération grâce à ses Open Mind. On le retrouve aussi sur le projet vidéo freetsyle de Raptaville, et aux côtés du conteur Mamadou Sall.

* En juin 2020, il tourne le clip d’un de ses titres, A genou à terre, avec le musicien Samuel Philmon, en référence à Black Lives Matter, au Théâtre de Saint-Nazaire.

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