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[zoom] Le jeune Ahmed

(Belgique 2019) portrait de Jean-Pierre et Luc Dardenne avec Idir Ben Addi, Olivier Bonnaud, Myriem Akheddiou.
Durée : 1h24.

Note de la rédaction :

Un quartier populaire de Belgique. Ahmed, à peine 13 ans, l’âge où on est à la recherche d’images à admirer pour guider ses pas, a trouvé la sienne en la personne de l’imam de sa mosquée, épicier dans le civil. Pour lui, tout se résume maintenant en une classification simple : le pur et l’impur, le genre féminin appartenant à la deuxième catégorie. Et c’est sûr de son bon droit qu’il traite sa mère d’alcoolique quand elle boit un verre de vin avant le dîner, sa sœur de fille perdue parce qu’elle a un petit copain et son père – mort ou parti, on ne saura pas – de lâche parce qu’il n’a pas su obliger les femmes de sa famille à porter le voile. Quant à Inès, le professeur qui fait du soutien scolaire aux enfants du quartier et qui veut leur apprendre l’arabe à partir de chansons « pour apporter un vocabulaire plus large que celui du Coran enseigné à la mosquée », c’est une apostat, une chienne dangereuse à abattre. Ce que va tenter de faire Ahmed, par trois fois.
On reconnaît bien là la caméra de Luc et Jean-Pierre Dardenne : aucun angélisme, une économie de mots et d’effets cinématographiques, pas de musique, juste donner à voir. Le problème est qu’ils ne filment ici que du vide. Tout est prévisible dans ce Jeune Ahmed, petit loup solitaire du jihad mou et inexpressif. L’endoctrinement et la radicalisation y restent hors champ, la violence des émotions et la déchirure des frustrations y sont illisibles, ils ne nous laissent à regarder qu’une sorte de zombie monolithique que rien ne semble traverser, pas même de brèves éclats d’enfance ou de désirs adolescents. Peut-être ont-ils voulu nous signifier qu’ils ne comprenaient rien à un phénomène social aussi complexe dont ils ne connaissent pas grand-chose, tout comme ces parents, éducateurs ou services judiciaires qui font ce qu’ils peuvent pour établir un contact. Pourquoi pas… Mais il nous semble alors que leur cinéma qui rejette toute psychologie n’est guère adapté quand il s’agit d’un personnage enfermé dans une prison mentale.
Pour résumer, les frères Dardenne nous ont déçus par ce film inutilement désagréable à regarder.

Avis à chaud d’un spectateur
« J’ai eu l’impression de voir une pub pour les frères musulmans tournée par des curés gauchos. » (Luigi, 62 ans)