Retour à la liste des films
Cinéma # Salle Jacques-Tati

[zoom] Rétrospective Arnaud Desplechin

Le cinéma Jacques-Tati rend hommage à la queue de la comète de la nouvelle vague, le grand Arnaud Desplechin, avec la projection de cinq de ses longs métrages, dont quatre ont été choisis pour leur fil conducteur : Roubaix, la ville de son enfance.

Par ordre chronologique : un documentaire rare, L’aimée (2007), dans lequel le cinéaste filme son père dans la maison familiale en vente et retisse avec lui le lien avec une grand-mère inconnue, la réunion de famille sur fond d’urgence d’Un conte de Noël (2008), l’enfance et l’adolescence de son personnage (son double ?) Paul Dédalus de Trois souvenirs de ma jeunesse (2015) et son dernier film, le polar Roubaix, une lumière (2019). Mais cet hommage offre également un bijou du cinéma français, son deuxième long métrage : Comment je me suis disputé… (ma vie sexuelle), sorti en 1996. On y suit le fameux Paul Dédalus (Mathieu Amalric) approchant la trentaine, égaré dans le dédale de son existence à construire, et donc de ses amours.

Maître-assistant à l’université de Nanterre, il refuse de passer l’examen de titularisation pour ne pas se ranger de son rêve de devenir écrivain. Une situation provisoire qui dure, comme l’appartement qu’il partage avec son cousin Bob et sa relation de dix ans avec Esther (Emmanuelle Devos). Submergés par le doute, perdus à chaque carrefour de leur vie, nourris de romanesque et de littérature, excessifs dans leurs jeux d’enfants égarés au seuil de choix qui feraient sens, les personnages se tordent de désirs, de passions, d’exaltation et de chagrin. Et n’échappent pas aux coups de griffes de la cruauté.

Il y a du François Truffaut dans ces histoires sentimentales initiatiques et dans ce discours amoureux qui s’écrit au jour le jour. Des post-adolescents qui cherchent, qui se cherchent, avec le trouble que provoque la jeunesse d’une nouvelle génération d’acteurs : Mathieu Amalric, Emmanuelle Devos, Jeanne Balibar, Marianne Denicourt, Chiara Mastroianni, Bruno Podalydès… et même Julie Depardieu que l’on a du mal à reconnaître dans le visage juvénile d’une figurante.

Un film qu’a choisi de projeter Simon Lehingue, programmateur du cinéma Jacques-Tati, parce que « c’est peut-être un des plus grands du cinéma français et du récit amoureux. Un chef d’œuvre dans la filiation de La maman et la putain de Jean Eustache et des Anglaises et le continent de Truffaut, à qui Arnaud Desplechin rend d’ailleurs une forme d’hommage dans la magnifique scène où Esther lit face caméra sa lettre d’amour à Paul : une merveille cinématographique ».