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Cinéma # Cinéville

[zoom] Le cas Richard Jewell

(Etats-Unis 2020) drame de Clint Eastwood avec Paul Walter Hauser, Sam Rockwell, Kathy Bates.
Durée : 2h10.

Note de la rédaction :

Richard Jewell n’a rien pour attirer. Il est obèse et ses seules attaches sont sa mère chez qui il vit et son petit chien. Inquiétant tant il suit à la lettre les règles et les lois, ses excès de zèle lui ferment les portes de son rêve : entrer dans la police. Des circonstances dramatiques vont pourtant diriger les projecteurs sur lui. Le 27 juillet 1996, embauché dans la sécurité par une société privée au parc du Centenaire d’Atlanta lors des Jeux olympiques d’été, il va, par sa réactivité et son courage, éviter le pire en suspectant une bombe dans un sac à dos abandonné et en se démenant pour sauver le plus de monde possible. Un court temps adulé par la presse et la population, il va vite se voir emporter dans le maelström d’une enquête du FBI qui veut exhiber son efficacité face au reste du monde qui a les yeux fixés sur les Etats-Unis, bien aidé par les médias à la recherche de scoops.

Richard Jewell est le coupable parfait, il correspond en tout point au profil dessiné par les spécialistes : d’isolé, il devient loup solitaire, d’ostracisé, il devient invisible prêt à tout pour atteindre la notoriété. Qu’importe les incohérences, il est déclaré terroriste. Quant aux preuves, il va falloir les trouver coûte que coûte, quitte à écraser cet homme trop respectueux, trop doux, trop humain.

Car il s’agit bien de cela : l’humain. Clint Eastwood ne fait pas un biopic de cette “histoire vraie”, il s’intéresse à la complexité d’une personne prise dans les crocs d’une Justice politisée et d’une presse qui a oublié qu’il existait une déontologie. Dans une narration fluide, hyper classique, sans sensiblerie (oublions vite une scène d’une journaliste en pleurs…), la caméra caresse ce “pauvre type” à l’image si modelable (que Paul Walter Hauser rend tout simplement émouvant), si facile à moquer ou à rendre inquiétant. Et nous fait peu à peu découvrir sa bonté et ses capacités de tendresse, que ce soit pour sa mère (une Kathy Bates bouleversante) ou pour Watson Bryant, son atypique avocat (interprété par un Sam Rockwell charmeur et fougueux à souhait). Clint Eastwood, 89 ans, réussit ici l’exploit d’extraire de ce cas d’école de manipulation d’un Etat acoquiné à des médias véreux une histoire d’amour filiale et d’amitié profonde. Nous renvoie-t-il à notre propre regard ?  

Avis à chaud d’un spectateur
« C’est le mot “Justice” qui me vient à l’esprit. Quand la machine se met en marche et qu’elle broie tout sur son passage. » (Virginie, 40 ans).