Retour à la liste des films
Cinéma # Saint-Nazaire

La rétro de Tati : Kelly Reichardt

Le cinéma Jacques Tati consacre ce mois-ci une rétrospective de l'œuvre de la cinéaste américaine Kelly Reichardt. Farouchement indépendante.

Figure de proue du cinéma indépendant américain, Kelly Reichardt s’attache à déconstruire les représentations de son pays en revisitant les genres, du western au buddy movie. Son cinéma prend le contrepied des grands genres de l’industrie hollywoodienne. Elle raconte une Amérique rare sur le grand écran, comme dans River of Grass qui raconte la cavale d’une mère de famille et d’un paumé persuadés d’avoir commis un crime. Le film dépeint le désir de quitter l’ennui de la Floride, région où elle est née en 1964. Loin des plages et de la clinquante ville de Miami. Elle tourna ce premier film en toute illégalité en 1994 avec la police à ses trousses (il est diffusé en France tardivement, à partir de 2019). Tourné en dix-neuf jours, il sera cité comme l’un des meilleurs films de 1995 par nombre de magazines américains. Car c’est bien l’une de ses caractéristiques. Kelly Reichardt tourne à l’économie : équipe réduite dans un minimum de temps.

Son cinéma est avant tout politique. Avec Then a Year (2001) et Travis (2004), elle critiques l’Amérique de George W. Bush et sa politique étrangère. Dans Old joy (2006), c’est la politique de Bush et la gentrification des villes qu’elle dénonce.  Dans Wendy et Lucy (2008), elle donne à voir une jeune femme et sa chienne que la précarité a jetées sur la route, c’est une tribune pour dénoncer l’immobilisme des autorités américaines face à l’ouragan Katrina et la violence de ses déclarations à l’encontre des victimes de cette catastrophe.

Ces histoires suivent des personnages qui disparaissent aussi silencieusement qu’ils étaient apparus. « Personne ne sait où étaient mes personnages auparavant. On passe une semaine avec eux, et puis ils s’en vont. Mes films sont comme des coups d’œil furtifs à des gens de passage », raconte-t-elle dans un entretien donné au Guardian à l’occasion de la sortie de Night Moves.