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Expos # Saint-Nazaire

Human Fly

Pour sa grande exposition d’été, le LiFE accueille “Human Fly”, une installation imaginée spécifiquement pour lui par l’artiste plasticien Claude Lévêque.

Human Fly de Claude Lévêque © Marc Domage

Une belle embuscade

Après le noir, la fulgurance. Impacts de lumières blanches croisées, brillance mouvante et vibrante de métal, crépitements de sons en boucles courtes. L’œil discerne des bouquets de tubes d’inox et le corps hésite à s’aventurer. Des silhouettes semblent parfois flotter au loin, ce sont celles d’autres visiteurs, cela rassure, les pieds s’engagent et pénètrent l’espace vide deviné par flash. Nous sommes dans Human Fly*, la dernière création immersive de Claude Lévêque, artiste majeur français à la personnalité à contre-courant, mélange de grande simplicité et de contre-culture décalée, plus proche d’un art des affects que du conceptuel.

« Human Fly a non seulement été créée pour le LiFE, mais elle a été totalement fabriquée sur place, je reviens à des méthodes de travail de mes débuts. Par exemple, je n’ai pas voulu de son électronique, nous avons bricolé et trouvé la bonne vibration en frappant un gros boulon sur un saladier Ikéa, son que nous avons enregistré ensuite aux studios du Vip. Je n’ai pas de discours établi, je ne détermine pas tout d’avance, mon installation est une invitation à circuler. Je fais des propositions sensorielles ouvertes et je laisse les visiteurs se les approprier, c’est ma façon de travailler », explique Claude Lévêque.

Certains y verront un feu d’artifice, d’autres un bombardement, d’autres encore des bougies d’anniversaire scintillantes… la palette d’images est large. Mais tous seront probablement déstabilisés. « Ce lieu m’a évidemment envoyé des visions éminemment guerrières, mais chaque visiteur est libre de vivre le voyage à sa façon et devient également acteur inconscient vis-à-vis des autres visiteurs, c’est une expérience physique et spaciale que je souhaite personnelle, une mise sous tension, une décharge. Mais ce n’est pas une agression. La provocation m’agace. »

Claude Lévêque, passionné de musiques extrêmes, au Hellfest de Clisson. © Romaric Etienne

 

Et de revenir sur la polémique soulevée par ses deux pneus de tracteurs recouverts de feuille d’or installés sur le grand escalier de l’Opéra de Paris à l’occasion de ses 350 ans : « Cela a été douloureux pour moi, insultant même, car ces pneus étaient intégrés dans un parcours et ces bagarres récurrentes des anciens contre les modernes sont vaines. Le langage de la provocation n’est pas le mien, mais mettre un grain de sable dans les rouages, bousculer les conventions sans prétendre détenir la bonne parole, par contre… »

Un grain de sable dans le LiFE ici réinventé, devenu “provocateur” de désordres sensoriels, et donc émotionnels, qui imprègnent les visiteurs bien au-delà de la sortie. « Mais on n’en meurt pas », conclut l’artiste dans un sourire malicieux. 

* Human Fly, nom d’une chanson des Cramps qui fait référence aux yeux à facettes des mouches qui leur offrent un large champ visuel, à près de 180° : « Je suis une mouche humaine et je ne sais pas pourquoi.
J’ai quatre-vingt-six larmes dans mes
quatre-vingt-six yeux »
(The Cramps)

Interview de Claude Lévêque à écouter sur RFI


→ Claude Lévêque invite les visiteurs à lui envoyer leurs photos et films de l’exposition :
« Je suis attentif à comment les gens pratiquent le dispositif, j’aime avoir des retours sur leurs sensations, leurs regards parfois très surprenants. »
contact@claudeleveque.com