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Expos # Pornichet

Émile Gautier ou les caprices de la brume

L’Art au gré des chapelles invite à (re)découvrir l’héritage patrimonial qu’a laissé à sa région le peintre, dessinateur et aquarelliste nazairien Emile Gautier.

Que serait-il arrivé si le petit Emile, 4 ans à peine, n’avait pas eu ces graves problèmes de santé qui l’ont cloué durant trois ans au centre d’enfants de Pen Bron ? Aurait-il porté le même regard sensible sur les nuances et les transparences des couleurs marines et des cieux changeants ? Aurait-il ressenti le même besoin d’exprimer par l’aquarelle et la peinture son émouvante intimité avec les paysages ? Toujours est-il que c’est tout jeune que cet enfant nazairien né en 1920 d’un père employé des chemins de fer et d’une mère couturière a su que sa route serait faite de toiles et de palettes.

D’abord élève du peintre postimpressionniste Georges Eveillard à l’école d’art fondée par Le Groupe artistique de Saint-Nazaire, il fut ensuite celui du peintre breton Emile Simon aux Beaux-Arts de Nantes grâce à une bourse de la Ville de Saint-Nazaire. Il n’a alors que 18 ans quand il participe au salon du Groupement artistique et 22 ans quand il expose à Paris.

Une vie dédiée à sa peinture, mais aussi une passion pour l’enseignement et la transmission. Il fut ainsi plus d’une décennie professeur de dessin à l’Ecole normale d’instituteurs de Savenay, sa façon d’ouvrir par ces intermédiaires les portes des arts plastiques à des générations d’enfants d’une région entière. Acteur infatigable de la formation et de la défense des artistes, il fut aussi dès 1948 le seul professeur de l’école municipale de dessin de Saint-Nazaire avant d’en devenir le directeur, cela jusqu’en 1983. Nous ne nous attarderons pas sur les nombreuses expositions et salons auxquels il a participé ni sur les titres qu’il a obtenus, mais plutôt sur les souvenirs que le peintre a confiés par écrit à ses filles : « Je pense à toutes ces journées passées sur mon blin* autour de l’île de Fédrun en Brière. Au mois de mars, sous un soleil déjà chaud, le marais a ses plus belles couleurs : tous les roseaux ocrés sont lumineux sous le soleil, la sève commence à colorer la végétation en ocre, saumoné, rosé, avant les premiers bourgeons vert amande des saules… et si l’on a la chance d’avoir un soleil voilé ou un ciel orageux, on a dans ces marais une atmosphère envoûtante que j’ai essayé bien des fois de traduire dans mes peintures. »

Emile Gautier perdra la vue avant de décéder à l’âge de 92 ans à La Chapelle-Montligeon, dans l’Orne, où il avait rejoint une ses filles, devenue sœur Marie-Aimée. Il reste de lui à Saint-Nazaire une appétence pour l’artistique, sa maison-atelier construite de ses mains avenue Aristide-Briand et la lumière de ses tableaux. 

* Chaland briéron.