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Spectacles # Saint-Nazaire

Moins 2, ou le retour de vie

Rire ensemble de la vieillesse et de la mort ? C’est ce à quoi invite La boîte à Sardines ce week-end au théâtre Jean-Bart.

Décidément, Moins 2 est une pièce qui leur tient à cœur… Il l’avait en effet déjà travaillée il y a trois ans, mais… déception : juste avant les représentations, son auteur, Samuel Benchetrit, avait décidé de la mettre lui-même en scène* au théâtre Hébertot, à Paris, avec Guy Bedos et Philippe Magnan dans les rôles titres. Et donc de leur retirer les droits. Cette aventure inaboutie continuait cependant à leur trotter dans la tête, surtout dans celle de Philippe Guerrault, le malheureux metteur en scène nazairien… D’où le désir de l’équipe de remettre cette année leur ouvrage sur le métier, toujours avec Philippe Guerrault à la mise en scène, pour cette fois deux représentations au théâtre Jean-Bart.

« C’est une pièce très attachante, forte, qui traite avec beaucoup d’humour et de piquant d’un sujet grave, la vieillesse, la fin de vie, la transmission, explique Philippe Guerrault. Je n’ai pas oublié ma première version de mise en scène, mais j’ai tenu à repartir avec un œil neuf, pas question pour moi d’une simple redite. » En effet, aucun pathos dans cette histoire qui pourrait en contenir des kilos : Jules (Yvon Audel) et Paul (Guy Houssier) font connaissance dans le service de soins intensifs où leur cancer leur laisse peu de temps à vivre. Jules est un gentil. Ancien vendeur chez Darty, il a vendu 28 875 télés… Paul est quant à lui un hâbleur séducteur qui cache mal ses faiblesses. Voilà ce duo improbable qui s’échappe de l’hôpital pour dire un dernier au revoir au monde, tels Laurel et Hardy, entre petites mesquineries et rivalités futiles. Très vite perdus dans une banlieue sans âme, ils croisent Jeanne, une jeune femme un peu rock & roll sur le point d’accoucher qui leur demande de partir à la recherche du père de son enfant qui s’est fait la malle… « Leur périple surréaliste est une sorte de road movie, sur sept lieux. Nous avons opté pour un décor très léger, c’est l’action qui prime, la fluidité, appuyée par la lumière, avec des fondus enchaînés, même au niveau du jeu », précise Gilles Legof, le régisseur de la compagnie.    

D’étape en étape, de rencontre en rencontre, les deux hommes vont construire une complicité tragi-comique et, enfin, oser parler vrai. Cet enfant à venir n’est-il pas un espoir ? Quels pères ont-ils été ? Quels ont été leurs échecs ? Leur lâcheté ? Est-il trop tard pour se tourner vers la vie, pour apprendre à donner, pour découvrir une fraîcheur de sentiment ?

Moins 2 ? Moins deux personnes sur terre. Ou moins deux, et ils n’auraient jamais su ce que pouvait être la vie ?

* Il en avait déjà fait la création en 2005 avec Jean-Louis Trintignant et Roger Dumas.

Article à lire : La Boîte à Sardines : le sens de la troupe