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Spectacles # Saint-Nazaire

Caligula, philosophique et politique

La Cie nazairienne Astrolabe 44 aime à proposer au public au moins une lecture théâtralisée par saison. Elle invite cette année à (re)découvrir l’un des personnages les plus furieux de l’histoire du théâtre.

Astrolabe 44 a du goût pour les textes, grands si possibles. Quant à son président metteur en scène Pierre Reipert, il a une passion particulière pour Albert Camus. Après l’hommage rendu à l’auteur en 2014 pour le centenaire de sa naissance avec l’évocation en dix tableaux de son premier roman, L’étranger, accompagnés des onze chorals de la Passion selon Saint Jean de Jean-Sébastien Bach interprétés par l’ensemble vocal Voix Voconces, la compagnie invite cette semaine à une lecture de sa première pièce, Caligula, créée en septembre 1945 avec Gérard Philipe dans le rôle-titre.

« Un petit pari que nous nous sommes lancé puisque nous avons décidé de travailler cette lecture mise en espace en seulement dix répétitions, explique Pierre Reipert. En effet, nous sommes aussi sur notre grand projet du Bourgeois Gentilhomme made in Breizh de 2020 ! La lecture est un exercice difficile et passionnant. Il s’agit de donner le texte, de faire entendre chaque mot, chaque temps, chaque pause. Et pour cela, il est nécessaire de freiner le jeu, c’est de l’épure. »

CALIGULA :
« Les hommes meurent et ils ne sont pas heureux. »

Six comédiens amateurs d’Astrolabe 44 se feront donc passeurs des mots des quinze personnages que compte la pièce. « Il y aura juste quelques mouvements, quelques déplacements dans l’espace, mais Pierre nous a appris à laisser de la respiration à l’imaginaire du jeu et des corps », continue avec enthousiasme Emmanuelle Benhamou, qui a rejoint la compagnie cette année.

HELICON :
« Ce n’est pas cela qui les empêche de déjeuner. »

« Le sens de cette respiration est important, c’est pour cela que, depuis le début, j’ai eu envie de percussions. L’empereur Caligula s’attaque à l’ordre moral, il détruit consciencieusement ce qui existe. S’il se révolte contre l’absurdité du non-sens de la vie et de la mort, que peut devenir cette révolte dans les mains d’un homme aux pouvoirs suprêmes ? Le langage choisi par Camus est direct, incisif. Pour moi, les percussions étaient la meilleure manière de réfléchir au rythme de la lecture sans en être une illustration, de mettre en valeur les ruptures d’harmonie et les dissonances de cette pièce sur le désordre », développe Pierre Reipert. C’est ainsi que Dominique Blain accompagnera les lecteurs au psaltérion, à la flûte irlandaise et à la guitare, quand le toujours ingénieux Hervé Batteux jouera de toutes sortes de percussions, dont de son aquarium de verre dont il ne savait plus que faire depuis la mort de son poisson rouge…