L’Oiseau-Lignes
En duo avec la saxophoniste Marielle Chatain, Chloé Moglia invente un spectacle aérien, graphique et sonore, comme un voyage en apesanteur.
Enfant, Chloé Moglia rêvait sans doute d’être un oiseau. Adulte, elle s’est formée au trapèze et aux arts martiaux au Centre national des arts du cirque de Châlons-en-Champagne. Bien plus qu’une experte du trapèze, l’accrobate et danseuse s’inspire de la danse et de la sculpture pour inventer un rapport nouveau à l’art de la suspension, une forme proche de l’élévation. A la manière des enfants qui grimpent aux arbres, elle se joue avec grâce des lois de la pesanteur. Chacun de ses spectacles devient une aventure incroyable, une expérience visuelle quasi physique.
Le temps suspendu
Sa nouvelle création, l’Oiseau-Lignes, est née du libre dialogue entre l’acrobate et la musicienne Marielle Chatain, dont le saxophone résonne sous les chapiteaux, mais aussi en tournée aux côtés de Jeanne Added ou du groupe The Dø. Les voilà réunies entre ciel et terre. Tandis que l’une joue les filles de l’air, l’autre s’accroche à ses lignes musicales. Toutes deux accordent leur souffle le temps d’un poème sonore et graphique placé haut sur la crête. Entre vertige et douceur, le monde se transforme.
Défier les lois de la gravité
Mais qu’est-ce qui nous pousse donc à cheminer au bord des précipices, à côtoyer le vide, bien conscients du danger que nous courons ? Tout en délicatesse et agilité, cette chorégraphe vertigineuse nous fait ressentir le doux frisson du risque. Elle évolue dans les airs avec lenteur, un minuscule mouvement, tel un léger battement d’aile, créant la bascule. Quand l’imminence du danger déclenche une force de vie, un élan nécessaire, la voilà qui prend le vide à bras-le-corps.
Epoustouflé par la performance, on retient son souffle, suspendu à ses gestes, on se déleste de ce qui encombre et pèse. Quand la pesanteur engendre la grâce. Renversant.