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Spectacles # Saint-Nazaire

Entreprise

Le monde du travail passé à la moulinette satirique du théâtre par Anne-Laure Liégeois. Une déclinaison en trois pièces furieusement drôles et décapantes.

Depuis qu’elle a fondé sa compagnie Le Festin en 1992, Anne-Laure Liégeois a mis en scène plus de quarante pièces liées par un goût profond de l’écriture et un questionnement sur la place de l’intime dans le monde. Voilà une metteuse en scène qui ne s’interdit rien, traductrice de Sénèque, d’Euripide ou de Marlowe, passant des grands textes classiques aux plus contemporains, des scènes les plus prestigieuses aux plus insolites, du plateau de la Comédie Française aux falaises de Fécamp… Infatigable.

>> Anne-Laure Liegeois

Avec sa dernière création Entreprise, elle s’empare de trois textes écrits à plus de cinquante ans d’intervalle pour décliner un triptyque audacieux interprété par trois comédiens d’exception (Jérôme Bidaux, Olivier Dutilloy et Anne Girouard). Rencontre.

Estuaire. Comment est née l’idée de monter Entreprise ?
Anne-Laure Liégeois. D’abord, parce que le monde du travail m’intéresse, j’y reviens toujours. J’en ai une approche politique, sociale, esthétique et artistique. C’est le lieu des rencontres humaines et celui des rapports de pouvoir, celui des conflits mais également des solidarités. J’ai pris les textes de trois auteurs de trois époques différentes : 2020 avec Le Marché* de Jacques Jouet, un texte spécialement commandé pour ce spectacle, 1965 avec Débrayage** de Rémi de Vos, 1968 avec L’Augmentation*** de Georges Perec, des textes qui jettent un regard drôle, abrasif et jubilatoire sur l’univers du travail du secteur tertiaire pour mieux l’interroger.

Quel angle d’approche avez-vous choisi ?
Pour moi, il y a une nécessité de le traiter sous un angle poétique, satirique, mais aussi avec tendresse. Je pousse le jeu des trois comédiens du côté de la dérision, du comique de gestes, de la caricature, ils jouent avec les mots dans un humour puissant. Le rire étant salvateur et le meilleur antidote contre l’impitoyable.

Comment ces soirées vont-elles s’articuler ?
Je les souhaite comme une aventure pour le spectateur. On fait une pause après les deux premiers textes, puis on boit un verre en partageant une collation avant de reprendre le spectacle. Et pour ceux qui veulent, on finit par un karaoké au bar en compagnie des comédiens.

* A paraître aux éditions Esse que.

** Ed. Actes Sud.

*** Ed. Hachette Littérature.