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Spectacles # Saint-Nazaire

Le pied de Rimbaud

Quel adolescent ne s’est pas un jour retrouvé dans la révolte du jeune Arthur Rimbaud ? Laurent Fréchuret invite à rencontrer à nouveau sa parole dans “Le pied de Rimbaud”, une rencontre fiévreuse avec les désirs d’un poète hors du commun.

C’est tout sauf un hasard si la compagnie que le comédien, auteur et metteur en scène Laurent Fréchuret a créée en 1994 à Saint-Etienne, sa ville natale, porte le nom de Théâtre de L’Incendie. Sa passion pour les écrivains l’a en effet amené à faire résonner leurs mots dans l’espace dénudé de multiples scènes, remplissant le vide de la plénitude des mots ardents de ceux qu’il appelle « les voix humaines », de Jean Cocteau à Antonin Artaud, de Pier Paolo Pasolini à Jean Genet. Dans Le pied de Rimbaud, il revient à la source de son amour pour les inventeurs de mots en adaptant des extraits de textes d’Arthur Rimbaud, le poète qui l’a éveillé au brasier de la littérature quand il était encore tout jeune homme.

Il nous offre aujourd’hui au Théâtre de Saint-Nazaire un spectacle qui nous parle, nous bouscule, nous éclabousse d’étincelles.

Un poète, un acteur, un musicien

Pour cela, les spectateurs seront un peu surpris de devoir s’installer sur un gradin posé sur le plateau habituellement inaccessible de la Scène nationale. Au plus près de Maxime Dambrin, l’acteur qui incarnera pour eux un Rimbaud intime qui les tutoiera et dont ils percevront le souffle. Dans l’ombre, un musicien dont nous ignorons encore le nom dialoguera avec lui. En effet, à chaque représentation sera convié un artiste improvisateur différent qui nourrira en direct la relation de sa propre pulsation. Et les mots de Rimbaud, la chair de Rimbaud, les visions d’un Rimbaud qui s’éveille à la conscience, à la sexualité, à l’appel de l’aventure, à une écriture nouvelle.

Le jeune homme est là, tout proche. Sa voix est tour à tour fragile, exaltée, intense. Avec, comme fil conducteur, des textes de sa prime jeunesse : la très peu connue nouvelle Un cœur sous une soutane écrite en 1870, et Les lettres du voyant, envoyées en 1871 à son professeur de collège pour la première et au poète Paul Demeny pour la seconde. Rimbaud a alors 15 et 16 ans. S’y entremêlent des textes plus connus, tels des poèmes du recueil Une saison en enfer ou le sonnet Au cabaret vert.

La puissance de la vie

Habité par les mots du poète, Maxime Dambrin entraîne le spectateur dans le vertigineux génie d’un tout jeune homme qui déboulonne les mensonges des religieux et de la petite bourgeoisie de province dont il est issu, pour partir, en Prométhée si proche de l’enfance, voler le feu aux dieux de l’Olympe afin de l’apporter aux humains. Mais ce feu, c’est en lui qu’il le cherche, dans le dérèglement de ses sens, dans le renouveau de la langue, dans la recherche éperdue d’une extraordinaire liberté d’écrire et de vivre, dans sa volonté de changer le monde.

Grâce au talent de Laurent Fréchuret et de Maxime Dambrin, on le voit grandir devant nous, s’affirmer, s’enflammer comme une torche pour devenir celui qui nous touche tant.

Le pied de Rimbaud est une rencontre sensible qui laisse une trace indélébile, à la hauteur démesurée de celui qui décrivait ainsi son choix de vie, la Bohême :

« Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,
Comme des lyres, je tirais les élastiques
De mes souliers blessés,
un pied près de mon cœur !
»

///// autres créations /////

Artiste associé au Théâtre de Saint-Nazaire, Laurent Fréchuret présentera la pièce Une trop bruyante solitude, d’après le roman de l’écrivain tchèque Bohumil Hrabal, les jeudi 24 et vendredi 25 février. Il invitera également le public à une balade poétique, Promenade des eaux secrètes, le dimanche 15 mai.