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Quinze ans sans lâcher de terrain

Natur’Action agit sur Saint-Nazaire et ses alentours depuis quinze ans déjà.
Le point avec les cofondateurs de l’association, Zack Moullec et Alain Yviquel (le président), à l’occasion de cet anniversaire.

>> Action à Donges-Est.

Estuaire. Vous souvenez-vous du jour où vous avez décidé de jeter les bases de Natur’Action ?
Zack Moullec. Très bien. Nous étions tous les deux sur un banc et nous faisions le constat que les grandes associations nationales de défense de l’environnement telles que Greenpeace ne pouvaient pas être réactives sur le local, qu’il manquait l’interactivité de la proximité. Ça a commencé comme cela.

Alain Yviquel. Nous voulions éviter les distances et les lourdeurs administratives. D’où le nom, Natur’Action, comme “action directe”. En tant qu’habitants, nous sommes vigilants, nous veillons et lançons les alertes. Nous avons une réunion d’adhérents et de personnes intéressées toutes les six semaines, mais nous réagissons dans l’instant quand nous rencontrons une atteinte à la nature. Il faut de suite préciser que si nous luttons contre l’extension urbaine, nous ne nous occupons pas d’architecture, c’est un autre travail.

Quelle a été votre première action ?
AY. Place Laborde, lors du projet de construction d’immeubles sur l’emplacement de ce qui était appelé le “petit parc”. Nous avons provoqué des réunions publiques, plus de 500 personnes ont manifesté, nous avons rencontré les promoteurs à Nantes et la Mairie de Saint-Nazaire. Finalement, nous avons obtenu un petit passage entre les immeubles, une réalisation moins dense que ce qui était programmé. Ce n’est ni une réussite ni un total échec, on arrive souvent trop tard, on est plus forts quand on a le dossier en amont, comme pour la Villa Nelly. Pierre & Vacances devait y construire une résidence, le projet a été stoppé, une belle victoire.

Qu’est-ce qui a changé en quinze ans ?
ZM. Une prise de conscience collective, des citoyens bien sûr, mais aussi des administrations, dont la municipalité. Nous sommes de plus en plus souvent appelés par des riverains. Bien sûr, nous sommes obligés de trier entre la haie du voisin et l’allée d’arbres d’un parc ! Mais nous sommes très fiers de voir que des personnes qui nous contactaient pour protéger, à tort ou à raison, leur “pré carré” se sont mises à s’intéresser plus largement aux questions de l’environnement. Pour exemple, notre site Internet est de plus en plus consulté.

>> Nettoyage de l’avant-port.

Et en ce qui concerne les administrations ?
AY. Les relations ont été très tendues au début. Elles se sont améliorées progressivement, comme avec la Ville, la Carene ou la Silène avec qui il existe une plus grande collaboration. Nous constituons un contrepoids sur les dossiers. Elles nous envoient parfois les promoteurs pour discuter avec nous, on intervient maintenant dans les enquêtes publiques et sur le PLU, on échange sur les plans d’abattages. Nous avons par exemple pu sauver trois vieux arbres sur quatre quand a commencé la rénovation de bâtiments Silène rue du Dolmen. Nous regrettons cependant de ne pas être assez reconnus pour notre force de propositions. Certains problèmes ou conflits pourraient être évités, je pense à la réserve foncière municipale des Fremaudières, à Saint-Marc.

ZM. Et nous aussi, nous avons évolué, nous avons appris. Par exemple, nous connaissons mieux les arbres, nous reconnaissons que certains d’entre eux sont proches de leur fin en raison de leur âge ou de leur environnement. Ceux de l’avenue de la République côté gare avaient un trop mauvais sol, les nouveaux bénéficieront d’une fosse plus large. Après, il y a les échecs : les arbres de l’avenue Léon-Blum étaient malades, mais on a juste obtenu qu’il y ait quelques arbustes en plus des nouveaux palmiers. Il faut savoir que les palmiers ne sont pas des arbres, ce sont des plantes, et qu’il y en a maintenant plus de 400 sur Saint-Nazaire ! Et attention, on est en train de partir sur la mode du chêne vert…  alors que la diversité est essentielle. Un autre échec : l’aménagement du front de mer. En 2007, il a été dit que nous y étions opposés, ce qui n’est pas juste, nous étions en revanche contre l’abattage de trop d’arbres, plus de 300 ormes et platanes.

Quels sont aujourd’hui vos grands chantiers ?
ZM. Outre la vigilance et les actions d’importance contre, par exemple, les projets de surf park de Saint-Père-en-Retz et de port à Brétignolles-sur-Mer, nous travaillons toujours sur la création d’une forêt urbaine et sur la mise en place d’une navette fluviale entre Saint-Nazaire et Mindin. Nos deux autres gros dossiers sont la refonte du parc paysager dont les peupliers doivent être remplacés, mais par tranches, avec des essences variées et pourquoi pas en y associant la population, et la compensation carbone des entreprises au niveau local. Le travail est tellement énorme que nous lançons un appel aux habitants qui voudraient nous rejoindre ! 

 

///// LES RENCONTRER /////

Pour ses 15 ans, Natur’Action propose jusqu’au vendredi 22 novembre une exposition retraçant ses actions depuis sa création à la Maison des associations (2 bis, av. Albert-de-Mun), Saint-Nazaire.

L’association invite à une réunion d’information vendredi 29 novembre, de 18h30 à 20h30, toujours à la Maison des associations.