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Associations # Saint-Nazaire

Re-pare, pour repartir

La toute jeune association nazairienne Re-pare travaille à la création d’un garage solidaire et social employeur de salariés en insertion pour un accès égalitaire à la mobilité.

Ne pas pouvoir bénéficier d’un moyen de transport est un des premiers freins à une vie professionnelle et sociale. « Selon son lieu de vie et de travail, on n’est pas forcément bien desservi par les transports en commun, et il est alors indispensable d’être véhiculé pour se déplacer. Le problème est d’autant plus aigu sur notre territoire qui compte beaucoup d’emplois aux horaires décalés : travail de nuit, 3×8, services à domicile éparpillés sur les communes. Faute de moyen de transport, en clair d’une voiture en état de marche, une partie de la population, la plus fragile, doit renoncer à un emploi ou à une formation : là commence l’exclusion », explique Jacques Malthieu, professeur de mécanique auto à Guérande et président-fondateur de l’association.

Les garages solidaires sont une des réponses à cette problématique puisque leur objet est de proposer à moindre coût entretien et réparation de leur véhicule à des personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté* et qui se retrouvent sans solutions en cas d’usure ou de panne. Il en existe à ce jour une centaine de ce type en France, constitués en réseaux, dont le réseau Apreva qu’a rejoint Re-pare.

Des voitures en bon état : sécurité et lutte contre la pollution

Jacques Malthieu, président-fondateur de l’association Re-pare.

« Nombre de personnes sont dans cette situation inextricable. Ici, les tarifs entretien et réparations se situeront entre 20 et 30 euros de l’heure pour nos adhérents. Les Garages AD nous proposent par ailleurs des prix concurrentiels sur les équipements et les pièces, et nous utiliserons aussi des pièces de réemploi. Au-delà de l’enjeu sociétal et humain, il s’agit là d’éviter la mécanique “en bas des immeubles” et le travail au noir, d’améliorer la sécurité sur les routes, de limiter les voitures très polluantes et de diminuer le nombre de celles qui roulent sans Contrôle technique car elles seraient de fait recalées** », développe Jacques Malthieu.

Toujours en fonction de leurs revenus, les adhérents pourront louer une voiture pour 5 euros la journée ou même acheter un véhicule pour environ 1 000 euros. « Plus de 2 500 véhicules sont envoyés à la poubelle chaque jour en France, dont beaucoup en bon état. C’est d’autant plus un gâchis que la prime à la conversion ne rajeunit pas le parc automobile puisque les personnes et familles n’ayant pas ou ayant peu d’argent ne peuvent accéder à cet achat. Nous proposerons aussi de la Location avec option d’achat comprenant assurance et entretien. Seront évidemment privilégiés les adhérents qui en ont besoin professionnellement ou au cas par cas, selon la situation de chacun. »

Des salariés en insertion

L’autre pilier du fonctionnent de Re-pare sera la formation et l’accompagnement de personnes éloignées de l’emploi, identifiées par les CCAS, Pôle emploi ou par les réseaux d’associations et collectifs en relation avec ce public : « Nous prendrons chaque personne comme elle est pour aller le plus loin possible avec elle, nous nous adapterons à chaque salarié avec une tenue de cahiers de progression individuelle. Nous envisageons six postes en mécanique auto et deux postes en nettoyage/rénovation de véhicules. Ils seront encadrés par un formateur au profil mécanique mais également social, un mécanicien diplômé et moi-même, qui assurerai bénévolement la coordination. Les mécanos retraités bénévoles sont les bienvenus ! Nous serons en relation étroite avec les professionnels du secteur pour la mise en place de stages en immersion. Les salariés qui le souhaiteront pourront aller jusqu’à l’obtention du CQP d’opérateur service auto, qualification qui ne demande pas de diplômes préalables. »

Il faut savoir que ces métiers sont actuellement en tension, donc très recherchés par les employeurs, centres-autos, services de location, entreprises possédant une grosse flotte automobile à entretenir : « Notre arrivée est donc bien vue par les professionnels locaux, qui y voient là un possible vivier de recrutement », rapporte Jacques Malthieu.

La construction du projet

L’association travaille depuis plus de deux ans sur ce projet maintenant bien avancé même si tout n’est pas finalisé. Une forme juridique est en réflexion avec la Carene. A ce jour, le choix n’est pas
encore fixé entre Ateliers et chantiers d’insertion (ACI) conventionnés par l’Etat ou modèle plus traditionnel de subventions des différents acteurs institutionnels, dont les CCAS.

Et il reste à dénicher le local approprié, de minimum 200 m2, « idéalement situé à Méan en raison de notre partenariat avec le voisin AD ».

A suivre attentivement, donc.

* Le taux de pauvreté atteint les 12,4 % sur la Carene et les 16 % à Saint-Nazaire.
** 360 000 sur le territoire français en 2019.