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Associations # Saint-Nazaire

Retrouver les fondamentaux

Malgré les douloureuses annulations liées à la crise sanitaire, il s’en est passé de belles choses à Saint-Nazaire durant l’été ! Retour sur deux événements : les Sérénades et Terrain d’aventure.

Les sourires radieux des habitants du quartier du Petit Caporal et le groupe de jazz Longboard.

Les Sérénades de l’été

Coup dur : la Nuit de la Saint-Patrick organisée par l’association Tam Tam Production était fixée au vendredi 20 mars… trois jours après l’annonce du confinement. « On avait tout réservé,  tout acheté, tout était en place. On a reporté les contrats des artistes à l’année prochaine, la Ville ne nous a pas demandé de payer les services non utilisés et a accepté que les 2 200 euros de subvention exceptionnelle qu’elle nous avait versés soient également reportés, on a remboursé les tickets prévendus, mais nous nous sommes retrouvés avec 2 500 euros de déficit tout de même », explique Hervé Batteux, directeur artistique de Tam Tam Production.

Simon Nwambeben et sa world music

Le début du confinement a donc été consacré au travail d’annulation et aux comptes. « Puis, comme tout le monde, j’ai vu tous ces musiciens faire des vidéos sur Internet. D’un côté, j’ai trouvé cette solidarité formidable, d’un autre, je me suis inquiété. Et si on était en train d’habituer les gens à des spectacles qui ne rémunèrent pas les artistes et à oublier le bonheur d’un vrai concert ? Comment, dans la contrainte, continuer à faire du spectacle vivant ? », se souvient Hervé Batteux.

Ainsi a germé l’idée des Sérénades, une scène nomade pour des spectateurs à leurs balcons ou fenêtres « avec seulement un camion-plateau assez petit pour se glisser partout, là où rien n’est jamais proposé alors que tout s’y prête, et une bonne sono. » Tam Tam Production construit alors d’urgence un projet adressé à la Ville qui répond positivement le 1er juillet.

Le premier concert, organisé en un temps record, aura lieu le 21 juillet avec Mama Feel Good, suivi de dix dates sur trente sites. En tout, ce sera quarante mini-spectacles qui seront donnés jusqu’au 25 août au pieds des grands collectifs.

« Nous tenions à un esprit familial avec de la musique du monde ou de jazz et des artistes régionaux comme Mama Feel Good, Swing Family ou le  Nazairien Louis Roms, dont ce fut le premier concert en professionnel, le premier cachet. Et ça a fonctionné, nous avons surpris et touché des gens invisibles, qui ne vont jamais au concert. Cela  a été un vrai bonheur. On n’a rien inventé, on est juste revenu aux fondamentaux. »

Morceau de bois, groupe rock & folk

Les Sérénades ont généré 1 200 heures de travail pour quarante artistes et techniciens correctement rémunérés, une petite bouffée d’air pour ces intermittents du spectacle. « Nous souhaitons continuer, refaire une proposition dans une forme plus aboutie l’été prochain, que le concept soit aussi repris par d’autres, à condition de se tenir à une norme qualitative pour le public, les artistes et les techniciens. »

Un souhait qui commence à se réaliser puisque trois soirs de Sérénades ont déjà eu lieu fin septembre à Pontchâteau.

* Avalix, Beauregard, Berthauderie, Bouletterie, Châteaubriant, Chesnaie, Galicherais, Gambetta, Ile-du-Pé, Immaculée, Kerlédé, Laënnec, Parc paysager, Perthuischaud, Petit-Caporal, Prézégat, Saint-Marc, Toutes-Aides, Trébale, la Vecquerie.


>> Solidarité associative

Les Sérénades ont bénéficié d’une subvention exceptionnelle de la Ville de Saint-Nazaire d’un montant de 30 000 euros. Or, en raison de la période estivale et des complications dues à la Covid-19, cette somme n’a pu être versée avant ce 7 octobre. « Nous avons reçu 10 000 euros d’acomptes de la part d’associations pour des prestations prévues dans le courant de l’année, il nous restait 20 000 euros à trouver. Comme il nous fallait payer sans délai les charges sociales, nous nous sommes tournés vers les banques qui se sont montrées frileuses et ont refusé. Dans l’urgence, nous avons lancé un appel auprès d’autres associations nazairiennes. Cinq d’entre elles nous ont fait confiance et ont répondu présente en nous prêtant* à elles toutes 17 500 euros. C’est encore une belle preuve de la solidarité nazairienne. »

Aujourd’hui, tout a été remboursé, dont les acomptes de prestation car « nous ne savons pas ce que nous pourrons livrer avec la crise sanitaire ».

* Selon la législation, une association loi 1901, qui n’est pas un établissement de crédit, peut exceptionnellement faire un prêt sans intérêt.

 



Terrain d’aventure
au Petit-Caporal enfance en liberté

Ouhla ! ça bricole dur…

Des enfants qui construisent des cabanes avec du bois de récup et des bouts de ficelle, des mères qui passent la tête par la fenêtre pour jeter un œil sur leurs rejetons, des histoires épiques qui s’inventent à l’ombre des arbres, des secrets et des fous rires entre copains, pas trop loin, pas trop près des parents. Ces images semblent tout droit sortir d’un roman ou de souvenirs d’une autre époque. Pourtant, cet air de liberté est bien passé cet été dans le quartier du Petit-Caporal grâce à la Maison de quartier d’Avalix.

« Le Terrain d’aventure du Petit-Caporal a existé pendant tout le mois de juillet, du lundi au samedi y compris, explique Marie-Pierre Sou, directrice de la Maison de quartier d’Avalix. Pour cette première à Saint-Nazaire, nous avons évidemment travaillé en étroite collaboration avec les Cemea, qui ont une expertise nationale, mais aussi avec l’association d’habitants Au cœur, avec Escalado et des éducateurs de l’ADPS. La Silene a mis a disposition l’espace boisé du quartier, nous alimentions en matériaux de récupération, nous étions là pour accompagner, et les enfants ont créé, ont expérimenté, ont vécu leurs vies d’enfants. »

… et en plus, c’est fun !

En effet, ici, pas d’horaires, pas d’inscription, pas de programmes d’activités, pas de numérique. “Seulement” des palettes, des cordes, de la peinture, quelques outils que l’on apprend à manier en maîtrisant les risques. On passe même des permis : permis de scier, de planter, de visser…

« Mais une fois la cabane terminée, on fait quoi dedans ? Ce n’est pas si facile d’être autonome ! On réapprend à jouer ensemble dehors, à mettre en route son imaginaire, à chercher ses désirs, à se réapproprier son environnement et son temps, à être en éveil. Les constructions n’ont pas cessé d’évoluer au fil des jours, au gré des envies et des nouvelles idées » développe Marie-Pierre Sou.

Terrain d’aventure : testé et approuvé !

Cette expérience n’a pas seulement touché les enfants, les adultes ont peu à peu montré le bout de leurs nez avant de s’autoriser aussi à agir dans leur quartier : un père a tenu un brico vélo, des femmes sont descendues de leurs immeubles pour discuter, des liens se sont créés, le conteur Mamadou Sall est venu raconter une histoire, on a écrit une “chanson des confinés” dont les Pieds dans le PAF vont faire un clip…  Quant à l’équipe de la Maison de quartier, « cette immersion nous a fait connaître différemment les habitants ».

Fin juillet, les enfants ont dû déconstruire cet espace de liberté éphémère avec une même question : « Quand est-ce que l’on recommence ? »

En attendant, des photographies de cet été particulier prises par des membres du club photo d’Avalix sont exposées à la Maison de quartier jusqu’au 30 octobre.


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L’expertise des cemea

Les Cemea des Pays de la Loire (Centres d’entraînement aux méthodes d’éducation active) se sont inspirés des Terrains d’aventure allemands pour mener des actions autour de pratiques d’aménagement extérieur. Des espaces d’expérimentation ont déjà été mis en place sur des périodes plus ou moins longues au Croisic, à Chéméré, à Angers. Le Terrain d’aventure de Saint-Nazaire a été financé dans le cadre de la politique de la ville consacrée aux quartiers prioritaires. « Le petit bois derrière la Maison de quartier serait aussi un espace idéal, mais Avalix ne peut bénéficier des financements de la politique de la ville car le revenu médian est calculé en intégrant les maisons des Landettes », regrette Marie-Pierre Sou.