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Livres # Saint-Nazaire

Saint Nazaire, les origines d’une légende

Dans “Nazaire, son histoire, ses églises ses villes”, Christian Morinière fouille le passé et balaie les légendes de ce saint qui a donné son nom à la ville portuaire.

C’est une enquête de 6 ans que met en livre Christian Morinière. Dans Nazaire, son histoire, ses églises et ses villes, il a parcouru et répertorié en France et en Europe, tous les lieux portant le nom de ce martyr saint Nazaire, qui donna son nom à notre ville portuaire. Au fil de ces recherches, il a mis en exergue les mystères entretenus au fil des siècles autour de ce saint : « L’Eglise catholique elle-même ne sait pas grand-chose à son sujet. Elle dit sur le site Nominis (ndlr, site de l’Eglise catholique de France édité par la Conférence des évêques) que saint Nazaire serait un martyr inconnu dont saint Ambroise aurait découvert le corps intact en 397 après Jésus-Christ autour de Milan, alors capitale de l’empire romain ».

L’auteur, avec l’aide de latinistes, retrouve trace des premiers textes racontant l’histoire de saint Nazaire et saint Celse auquel il est associé. L’analyse comparative des traductions et différents textes au fil des siècles laisse supposer que l’histoire de ce saint décapité à l’époque de Néron tient plus de la légende que du fait historique. « Qui sont donc ces individus trouvés… par un Père de l’Eglise, Ambroise, sujet de nombreux romans hagiographiques, vénérés dans les cathédrales, désignés pour porter le nom de villes multiples ? », écrit-il. Selon l’auteur, la légende de saint Nazaire a été construite de toutes pièces car la Gaule romaine de l’époque, en pleine christianisation, a besoin de figures religieuses.

Toujours selon lui, l’origine du nom de la ville viendrait d’une basilique dédiée au martyr construite au milieu du VIe siècle par l’évêque de Bordeaux, non loin du port gallo-romain en bord d’estuaire, « faisant ainsi de la ville portuaire, la première à porter le nom de ce saint milanais ». Basilique qui sera citée par Grégoire de Tours, évêque de la fin du VIe siècle, connu pour avoir écrit l’Histoire des Francs. Une hypothèse qui ne fait pas consensus parmi les historiens locaux. Car aujourd’hui, on ne trouve plus de témoignages patrimoniaux de cette époque. « Au lendemain de la Seconde guerre mondiale, d’importants vestiges gallo-romains ont été déblayés à coups de pelleteuses dans le centre-ville. La période actuelle connaît pareil outrage », conclut-il.

Si le Saint-Nazaire industriel du XIXe siècle et du XXe siècle est fortement documenté, son passé gallo-romain est encore empreint d’incertitudes, étayé de légendes. Le mérite de Christian Morinière est de nous les faire découvrir ou redécouvrir, dans un beau livre, à mettre dans toutes les mains de passionnés d’histoire et de Saint-Nazaire.