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Portraits # Pornichet

Thérèse : le retour sur scène, 10 ans après

Quai des Arts a accueilli durant quelques jours l’artiste Thérèse. Ce mardi 2 février, la chanteuse retrouvait les sensations de la scène devant un public composé d’une quarantaine de programmateurs.

Presque dix ans que Thérèse* n’avait pas remis les pieds sur scène, éloignée par une maladie rare qui l’a fauchée en plein vol alors qu’elle écumait les scènes des Francofolies de la Rochelle ou les premières parties de Sanseverino, Charlélie Couture, La Grande Sophie. Frappée par la maladie de Cushing, une tumeur dans l’hypophyse, elle est aujourd’hui en rémission. « Cela fait maintenant deux ans que j’ai été opérée, il faut attendre cinq ans pour savoir si je suis guérie », explique-t-elle. En attendant, elle savoure ce come-back.

« Il faut tout refaire, ça donne le vertige, mais il y a un côté jouissif à retrouver cette liberté de repartir à zéro. » Et, surtout, elle a hâte de retrouver son public qui ne l’a jamais abandonnée.

« C’est l’une des plus belles plumes que l’on ait dans la chanson dans la région », se réjouit Gérard Boucard, directeur artistique de Quai des Arts. Si c’est la « même formule qu’il y a dix ans, elle a gagné en maturité. Ce sont des chansons qui ont du sens, ça devient un met rare. » Une déclaration d’amour que l’artiste prend avec humour. Il faut dire qu’il existe une certaine complicité entre ces deux-là. Déjà programmée dans la salle de spectacle, Thérèse a été un temps une des abonnées lorsqu’elle s’est installée à Pornichet, un an avant que la maladie ne se déclare. Aujourd’hui, elle continue de vivre en bord de mer, mais du côté des Sables-d’Olonne.

Son nouveau spectacle est inévitablement empreint de cette période difficile. « Je me sens plus joyeuse qu’il y a dix ans et plus légitime à aborder certains thèmes à cause de mon parcours. » Comme celui de l’hôpital psychiatrique, du traitement des malades, ou encore du féminisme et de l’euthanasie. Elle qui a d’ailleurs pensé à la mort tant elle souffrait. Des thèmes difficiles et sombres qu’elle réussit à approcher avec subtilité et humour. Ou alors comme cette chanson d’amour dont la conclusion nous surprend : ce n’est pas un “il” comme on pouvait s’y attendre mais un “elle” qui est bien l’objet de cet amour.

Thérèse est donc bien de retour. A 40 ans, elle a gardé son regard punk rock sur la société. Et prépare un EP de cinq titres pour l’automne, Même pas mal. On la retrouvera d’ailleurs à Quai des Arts la saison prochaine avec ce nouveau spectacle.

* Thérèse Fournier est également auteur du livre Poisson-Lune qui retrace son parcours de malade. Elle consacre une partie de sa vie à la sensibilisation des maladies surrénales et milite contre l’errance diagnosticale.

 

Quai des Arts met à disposition sa scène

Les trois derniers mois ont été difficiles et intenses pour les salles de spectacle. « Tous les quinze jours il fallait refaire la programmation. Trouver des dates pour les reports », explique Gérard Boucard. Toujours sans visibilité, la situation est maintenant malheureusement plus claire : « On a reporté à la saison prochaine autant qu’on pouvait, maintenant nous devons annuler. On va connaître un certain embouteillage. Avec tous ces reports, ça laisse peu de places à de nouveaux spectacles. » Il espère du moins une fin de saison un peu plus rythmée, avec six spectacles programmés au lieu des quatre habituels. « Tout dépendra évidemment de la date de réouverture et surtout du protocole qui sera mis en place ». Parmi les professionnels invités au spectacle de Thérèse, tous estiment avec prudence une éventuelle réouverture pour le 1er mai, qui se ferait en quatre temps. En attendant, Quai des Arts ouvre son plateau aux artistes. « Nous n’avons pas les moyens de les accueillir en résidence, nous mettons à disposition notre plateau et nos techniciens pour des labos de création », explique le directeur.

Le 18 et 19 mars, Quai des Arts accueillera donc Benjamin Guillard, acteur et metteur en scène qui a travaillé notamment avec François Morel, Olivier Saladin ou encore Pierre Palmade. Il viendra peaufiner son nouveau spectacle tiré du livre Le discours, de Fabcaro, auteur également de la célèbre bande-dessinée Zaï zaï zaï zaï (invité à Déam’bulles, le festival BD de Pornichet le 10 et 11 avril prochain). « C’est un spectacle qui devait se jouer à Avignon. Mais n’étant pas sûr qu’il aura lieu cet été, cinq salles de cinq régions françaises ont été sélectionnées pour accueillir des répétitions, dont celles-ci. D’autant plus que Benjamin Guillard est de chez nous, originaire de Savenay, et qu’il a été bénévole aux Renc’arts. »