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Récit d’une championne du monde

Laura Philippe partage avec Estuaire et ses lecteurs sa semaine de compétition de monocycle en Corée du Sud. Cette année encore, la Malouine revient en France avec de nombreuses médailles dont quatre titres de championne du monde.

Avec ma maman et Fanny, mon amie et coéquipière de club, nous sommes arrivées quelques jours avant la compétition afin de s’acclimater et de se remettre du décalage horaire. Nous en avons profité pour visiter Ansan (la ville où se déroulait les championnats) sous une chaleur étouffante et repérer le site de la compétition. La compétition débute avec la parade dans les rues d’Ansan. C’est un moment toujours grandiose car c’est une des seules fois où quasi tous les compétiteurs se retrouvent et roulent ensemble. Suivie d’une magnifique cérémonie d’ouverture où les Coréennes nous ont offert un spectacle de key pop (musique et danse très connues là-bas), d’un spectacle d’arts martiaux et aussi de capoeira.

Ça y est la compétition peut démarrer !

Je commence avec les qualifications de saut en hauteur et de saut en longueur.
Les épreuves se déroulent sous un soleil brûlant avec plus de 40 C°.  Cette première épreuve a été difficile car je ne m’attendais pas à de telles conditions. Je n’ai donc pas excellé et j’ai passé une longueur bien moindre qu’en entrainement. Pour ma qualification de saut en hauteur, après chaque saut, je suis obligée de boire et de m’essuyer tellement je transpire mais j’arrive à gérer ma compétition et parviens à passer 56 cm terminant 1ère de ma catégorie et me qualifiant en 2e position pour la finale experte des filles (les 8 meilleures filles toutes catégories confondues).
Lors des finales de saut en hauteur, je suis exæquo à la 3e place après n’avoir passé que 54 cm (j’étais un peu déçue car j’aurais aimé faire un nouveau record et passer au moins 60 cm). Nous sommes départagées avec un tie-break que je gagne. Je finis donc 3e mondiale en expert (j’étais très heureuse car c’est ma première médaille en expert !).

L’épreuve suivante, c’est les qualifications de speed trial. Le plus difficile sur cette épreuve est de se lancer sur la zone en essayant d’aller le plus vite possible mais sans avoir pu la tester avant. Il est donc compliqué d’établir une stratégie. J’assure alors mon premier essai en allant jusqu’au bout de la zone. Pour les deuxième et troisième essais je donne tout pour tenter d’améliorer mon temps. Je finis 3e dans ma catégorie et me qualifie 3e pour les finales expertes.
Les finales se déroulent sous forme de battle : la première qui passe la ligne d’arrivée se qualifie pour la suite. Je me qualifie pour les demi-finales et je tombe contre celle qui s’est qualifiée première des filles pour les finales. C’était une battle très serrée et j’ai voulu accélérer encore plus pour la dépasser mais mon pied a glissé de la pédale et je me suis prise une méchante chute. Heureusement plus de peur que de mal !
Il me reste donc la petite finale à faire pour la troisième ou quatrième place : cette battle était vraiment très serrée, ça s’est joué à 3 cm d’écart mais je termine quand même 4e mondiale en speed trial.


Viennent ensuite les qualifications de saut en hauteur et saut en longueur sur plateforme. Je commence par le saut en hauteur sur plateforme. Mon objectif était de passer quatre palettes. Pour cette qualification je me retrouve avec d’autres filles de catégories et pays différents :  il y a une bonne ambiance et c’est motivant. Malheureusement les quatre palettes ne veulent pas passer et je valide donc les trois palettes et demi mais je finis quand même 1ère dans ma catégorie et je me qualifie 2e pour les finales expertes. Les finales ont été longues car nous étions quasi du même niveau et nous étions trois à avoir passé les quatre palettes. Nous avons eu un tie-break pour les 2, 3 et 4e places. Je gagne ce tie-break et je suis donc 2e mondiale en saut en hauteur sur plateforme.


C’est ensuite le moment des qualifications de saut en longueur sur plateforme toujours avec les mêmes concurrentes : motivation et émulation règnent dans le groupe. Je termine 1ère dans ma catégorie et me qualifie 2e pour la finale experte. Les finales expertes de saut en hauteur se déroulent bien ; une fois de plus je me retrouve exæquo après avoir passé 150 cm.  Je remporte à nouveau le tie-break (pour la 2e ou 3e place) et termine donc 2e mondiale en saut en longueur sur plateforme.

Dernière épreuve : le trial

Place à ma dernière épreuve et pas des moindres : le trial ! J’étais impatiente de découvrir les zones tout en étant aussi très stressée car j’avais mon titre à défendre, qu’il faisait vraiment chaud et je ne savais pas trop comment ça allait se passer… Je me suis vite rendue compte que ma stratégie de base, qui était d’alterner entre des zones faciles et mediums, n’était pas la bonne car je souffrais beaucoup de la chaleur. A peine la compétition commencée j’avais des nausées et la tête qui tournait dès que je testais des zones qui me demandaient plus d’efforts. J’ai donc commencé par faire les zones faciles et j’ai fait des pauses pour tenir et ne pas prendre un coup de chaud. Je supportais de mieux en mieux la chaleur me permettant, après une heure de compétition, de me lancer sur les zones mediums. J’ai finalement réussi à me dépasser et à en passer cinq jusqu’à la dernière seconde. Le résultat tombe : je garde mon titre en finissant 1ère en trial dans ma catégorie et je me qualifie 1ère pour la finale experte de trial.


Les finales se déroulent sur une heure avec huit zones expertes à passer. Je passe cinq zones assez facilement et je commence à bloquer sur une zone où il y avait beaucoup d’équilibre : après 15 minutes d’acharnement, je finis par la passer et je me lance sur la zone la plus difficile (la plus technique et longue). Je me suis acharnée dessus mais en vain je n’ai pas réussi à la finir… A la fin de l’épreuve je me retrouve exæquo pour la 2, 3 ou 4e place.
Pour le tie-break, les juges nous mettent sur la zone où je me suis acharnée car personne ne l’avait passée. Nous n’avions qu’un passage. Il fallait aller le plus loin possible sur la zone et cela définirait le classement. Par chance, je passe en troisième position. La première concurrente tombe au début de la zone et la deuxième vers le milieu. Bien concentrée, je me lance sur la zone avec la soif de revanche de la passer ! Tous les yeux sont rivés sur moi, mes supporters français mais aussi de nombreux pays croient en moi et m’encouragent, me permettant de me surpasser, de puiser dans mes ressources et de valider la zone. Je termine donc 2e mondiale en trial. Je suis très contente de moi et de ma compétition : mes heures d’entrainement au club, dans mon jardin, dans la salle de sport mise à ma disposition par ma commune, Saint-Malo-de-Guersac, payent.

C’est une fierté d’avoir fait quatre podiums expert et d’avoir quatre médailles d’or dans ma catégorie. La chaleur a été difficile à supporter mais j’ai pu l’oublier pour faire du mieux que je pouvais durant ma compétition.
Après les deux semaines de compétition nous avons pu visiter Séoul pendant cinq jours :  des temples, des palais, la plus grande tour de Séoul, le plus grand marché de Séoul… Ce voyage restera gravé dans ma mémoire :  c’était une très belle compétition, très bien organisée, riche de rencontres avec une très bonne ambiance. Les Coréens sont très accueillants et prévenants. La cuisine coréenne nous a séduit (quand elle n’était pas trop épicée) ainsi que quelques boissons locales. Quel plaisir de découvrir une nouvelle culture.

Je tenais réellement à remercier une nouvelle fois tous ceux qui m’ont soutenue car, sans eux, tout cela n’aurait pas été possible. Grâce à eux, j’ai pu me rendre en Corée et défendre mon titre, j’ai pu vivre une expérience de fou. Sincèrement merci de m’avoir accordé votre confiance et de m’avoir soutenue. Je rentre ravie de cette aventure et mon nouvel objectif pour les deux ans à venir est de préparer les championnats du monde en 2020 qui se dérouleront en Italie.
Prochaine compétition : la Coupe de France en novembre. Je rêverais d’aller en janvier aux championnats Extrêmes de Monocycle au Costa Rica mais la reprise des études en STAPS, afin d’intégrer une école de kinésithérapeute, ne va pas me permettre de relancer une recherche de sponsors. En août 2019, je participerai peut-être aux championnats d’Europe en Hollande.

 

Estuaire avait rencontré Laura Philippe avant son départ en Corée du Sud. Son portrait est à lire ici.