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[zoom] Normandie nue

(France 2018) comédie de Philippe Le Guay avec François Cluzet, Toby Jones, François-Xavier Demaison. Durée : 1h45.

La campagne du Perche est bien belle en été. Pourtant, derrière les courbes paisibles des prés et la visible bonne santé des vaches qui y paissent, le désespoir gronde. Lait vendu à perte, surendettement, sentiment d’être méprisés et oubliés : les éleveurs de la petite commune de Mêle-sur-Sarthe n’en peuvent plus. Portés par Georges Balbuzard (François Cluzet), leur maire, ils bloquent une énième fois la route nationale pour tenter d’attirer l’attention sur leur situation. Si quelques journalistes locaux se déplacent, il ne reste pas grand-chose de leur appel au journal télévisé du soir. Mais, cette fois-ci, le photographe conceptuel américain Blake Newman (interprété par le délicieux Toby Jones), en chemin vers l’aéroport de Roissy, est coincé dans le barrage… Spécialisé dans la photographie de groupes de femmes et d’hommes nus dans des lieux improbables, il tombe en extase artistique devant un champ et imagine les villageois nus face au soleil levant. Après la stupeur et même la colère devant une telle idée, Georges Balbuzard, bien conscient que l’artiste est uniquement focalisé sur sa “vision“, décide d’utiliser cette offre comme un moyen original d’attirer l’attention : « Nous n’avons plus rien, nous sommes nus, montrons-le. » Mais il va falloir convaincre ses administrés…

Sous la légèreté de la comédie, Normandie nue dépeint un monde rural en souffrance sans en éviter les contradictions et les noirceurs : pollution phytosanitaire à tout-va, inimitiés familiales, détournements de terres, fantômes de pendus dans les granges, jalousies… Mais aussi amitiés d’enfance, amour de leurs bêtes, portraits de personnages aussi perdus qu’attachants.

Comme dans ses Femmes du 6e étage, Philippe Le Guay provoque la rencontre des genres et des milieux sociaux. Ici, un artiste international “hors sol“ et des paysans les pieds dans la bouse, un Parisien (François-Xavier Demaison) qui se rêve au vert et une campagne saturée de pollution, des comédiens professionnels et de vrais paysans de la commune. Et ça marche. Malgré quelques digressions inutiles un peu confuses, on sourit, on rit, jusqu’à l’émotion qui vient nous surprendre.

Mireille Peña

Avis à chaud d’un spectateur
« J’ai passé un bon moment, Le Guay réussit à nous faire rire de choses dures. Ca ne vaut pas The Full Monty, mais c’est une bonne comédie sociale la française, je recommande. » (Géraldine, 29 ans)