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[zoom] Everybody Knows (Todos los saben)

(Espagne, France, Italie 2018) thriller drame d’Asghar Farhadi avec Penélope Cruz, Javier Bardem, Ricardo Darín. Durée : 2h10.

Note de la rédaction :

Laura (Penélope Cruz) vit en Argentine. Elle revient en Espagne avec ses deux enfants pour assister au mariage de sa jeune sœur et retrouve avec joie son village natal au cœur des vignes, sa tribu, ses amis. Elle retrouve aussi son amour d’adolescence, Paco (Javier Barem), avec qui elle entretient une amitié profonde. L’Espagne l’accueille avec toute sa beauté, ses élans, ses démonstrations bruyantes.

Les festivités de la noce battent leur plein quand la fille de Laura disparaît, enlevée contre une demande de rançon. L’image de la réussite de la belle immigrée de retour au bercail explose : Laura n’a pas un sou, son mari (Ricardo Darín) est au chômage depuis deux ans, tout n’était que paillettes…

Le réalisateur iranien Asghar Farhadi installe un paysage familial exubérant et chaleureux pour mieux le déconstruire le temps d’un thriller à huis clos où ressurgissent les jalousies que l’on croyait oubliées, les amours enterrées, les cupidités, les histoires de lopins de terre. Le drame fissure le village qui voit à son corps défendant s’échapper du volcan qui se réveille des vérités que pourtant “todos los saben”. D’abord unie contre l’adversité et prête à accuser ces saisonniers pauvres venus du plus au sud pour travailler aux vendanges, la famille assiste, impuissante, au dépouillement de ses secrets et au déchirement de ses faux-semblants.

Everybody Knows avait tous les ingrédients pour être un film troublant, mais – peut-être en raison de ce titre anglo-saxon lui-même –, il n’arrive guère à dépasser la puissance d’une telenovela. Malgré ses bons comédiens, son beau décor, son scénario plutôt bien ficelé, la tension peine à monter. L’inabouti plane durant ces deux heures un peu longuettes : on ne peut s’empêcher de se remémorer la mécanique âpre de la Séparation d’Asghar Farhadi ou la subtilité d’une Pénélope Cruz “almodovarienne”. Il semble que le réalisateur ait ici tenté d’explorer ses thèmes privilégiés en les plongeant dans une culture à l’expression des émotions bien différente de celle de la société iranienne, mais qu’il se soit laissé dépasser par les apparences de simplicité du “sol y sombra” ibérique, l’endroit exact où lumière et ombre cohabitent.

Everybody Knows n’est que le deuxième film espagnol à ouvrir le festival de Cannes, après La mauvaise éducation d’Almodovar en 2004… Mauvaise pioche.

Avis à chaud d’un spectateur
« Je suis un peu déçue, j’attendais autre chose avec un si grand réalisateur et un si beau casting. J’étais intriguée aussi de voir un film tourné par un Iranien en Espagne, en espagnol avec des acteurs espagnols. Mais bon, ça se laisse regarder sans déplaisir. » (Mélanie, 38 ans)