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[zoom] Blackkklansman – J’ai infiltré le Ku Klux Klan

(Etats-Unis 2018) biopic de Spike Lee avec John David Washington, Adam Driver. Durée : 2h16.

Note de la rédaction :

Les années 70 à Colorado Springs. Malcolm X, Martin Luther King et bien d’autres ont déjà été assassinés. Le jeune Ron Stallworth, à peine 20 ans et une coupe afro à la Angela Davis, est le premier afro-américain à entrer dans la police de l’Etat. Sa couleur est très vite utilisée par l’unité de renseignement qui l’envoie infiltrer une rencontre des Black Panthers dans une boîte de nuit. Si Ron (interprété par l’irrésistible John David Washington) assume sa mission, il est profondément secoué par l’intervention du militant Stokely Carmichael, le mari de Miriam Makeba : « Arrêtons d’avoir la haine de nous-mêmes, Black is Beautiful »… et c’est le Ku Klux Klan qu’il décide d’infiltrer… Il sera donc une voix au téléphone et son collègue juif Flip Zimmerman (Adam Driver dans un rôle bien loin de Star Wars !) jouera son rôle lors des rencontres. De péripétie en sueur froide, “ils” réussiront à se faire recruter par l’organisation et vont tenter d’éviter un attentat raciste.

La réalité étant souvent plus incroyable que la fiction, cette histoire a vraiment été vécue par Ron Stallworth, qui en a fait le récit dans un livre sorti en 2014. Le réalisateur Spike Lee en fait ici une adaptation très personnelle. Film d’action et de tension dramatique, comédie noire bourrée d’humour, film d’horreur, Blackkklansman allie esthétique pop des années 70 et portrait d’un racisme insupportable. Les membres du KKK, toujours pas remis de la défaite des Sudistes un siècle plus tôt, nourris à Autant en emporte le vent et à Naissance d’une Nation, y étalent leur haine de tout ce qui n’est pas WASP, vautrés dans les marais de leur bêtise et de leur besoin de supériorité tant ils sont des petits blancs minables. Spike Lee a décidé de nous faire rire du pire par des situations rocambolesques et des dialogues désopilants. Option risquée, mais réussie : le public rit, mal à l’aise de se voir s’esclaffer d’une réplique insoutenable, détendu avant la douche froide. On pourrait regretter une caricature des racistes qui leur enlève de leur dangerosité, un face-à-face un peu simpliste entre Black Power et White Power, mais Spike Lee nous rattrape par une fin qui nous renvoie au présent et à nous-mêmes. Un film de révolte pas comme les autres, qui réveille la voix de chat de Billie Holiday : “Les arbres du Sud portent un fruit étrange, Du sang sur leurs feuilles et du sang sur leurs racines, Des corps noirs qui se balancent dans la brise du Sud, Un fruit étrange suspendu aux peupliers”.

Avis à chaud d’un spectateur
« 
Excellent, piquant, brûlant, une exploration des basses-fosses de cerveaux d’abrutis. Vous voyez, je suis tout ému. » (Jacques, 63 ans)