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Cinéma # Cinéville

[zoom] Gloria Mundi

(France 2019) drame de Robert Guédiguian avec Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Gérard Meylan.
Durée : 1h47.

Note de la rédaction :

Une famille se réunit  autour de la venue au monde de Gloria, un rayon de soleil dans une vie difficile. Mathilde, sa mère, enchaîne les petits contrats de vendeuse, Nicolas, son père, déchante après avoir mis tous ses espoirs dans un véhicule Uber, Sylvie, la grand-mère (ArianeAscaride), se tue à cumuler les ménages de nuit, Richard, le mari de Sylvie (Jean-Pierre Darroussin), n’en peut plus de conduire son autobus, la tante et l’oncle, accros à la coke et à l’argent, exploitent de plus pauvres qu’eux dans leur boutique cash. Prévenu de la naissance de sa petite-fille, Daniel, le grand-père (Gérard Meylan) incarcéré depuis sa prime jeunesse, vient rencontrer dès sa libération cette enfant de son propre enfant qu’il ne connaît pas. Les années ont passé depuis ses 20 ans, Marseille a gardé ses quartiers miséreux et en a élevé de nouveaux faits de verre et de métal.

Ses yeux se posent sur une famille en crise dans un monde en crise. Sous la pression de la précarité, la menace d’une chute imminente, chacun de ses membres lutte désespérément pour rester debout, à bout de force, à bout de souffle. Daniel assiste, impuissant, à ce naufrage tragique et à la résistance de Richard et Sylvie qui continuent à se démener au nom de l’entraide ouvrière et familiale. C’est dans cette désintégration des valeurs humaines jusqu’aux bas étages de l’économie néo-libérale qu’il va offrir le sacrifice ultime, pour la petite Gloria, pour que l’avenir garde espoir.

Gloria Mundi est le film le plus noir de Robert Guédiguian, le magnifique requiem d’un monde désenchanté saisi lors d’une fracture de son histoire. L’amour, les luttes, la solidarité, le collectif semblent y avoir perdu la bataille. Mais c’est aussi de bouleversants portraits d’êtres maltraités, si fragilisés qu’ils ne sont capables que de s’entre-déchirer en s’accrochant au fantasme du premier de cordée, encore un peu protégés – pour combien de temps ? – par la tendresse de ceux qui veulent toujours y croire.

Avis à chaud d’un spectateur
« J’ai beaucoup aimé, beaucoup de sensibilité et de grands comédiens, mais que de films durs en ce moment ! » (Carole, 42 ans)