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Cinéma # Cinéville

[zoom] Papi Sitter

(France 2020) comédie de Philippe Guillard avec Gérard Lanvin, Olivier Marchal, Camille Aguilar.
Durée : 1h37.

Note de la rédaction :

En galère de boulot, Franck et Karine ont trouvé quelques semaines de travail sur un bateau de croisière. Inquiets quant à laisser seule leur fille Camille qui prépare le Bac, ils font appel à André, le père de Franck gendarme à la retraite, pour venir s’occuper d’elle… et la cadrer avant son examen. Voilà donc André qui quitte Saint-Nazaire pour endosser le rôle de papi sitter d’une ado qui n’a pas l’intention de se laisser enfermer. Les choses vont se compliquer encore quand Teddy, l’autre grand-père, débarque à l’improviste. Tout oppose ces deux hommes : le psychorigide qui ne croit qu’aux règles et le fêtard farfelu qui ne croit qu’à l’improvisation. Coincée entre les deux, Camille joue l’un contre l’autre, au risque de mettre son année scolaire en péril.

Comédie familiale agréable, Papi Sitter utilise avec succès les mécanismes clownesques traditionnels, le duo du clown blanc porté par un Gérard Lanvin coincé et de l’Auguste bon bougre totalement habité par Olivier Marchal. C’est drôle, l’affrontement délicieusement outré, souvent tendre quand les différences se rencontrent pour l’amour d’une petite-fille qui se fiche des vieilles rancœurs.

Trois questions au réalisateur Philippe Guillard

Estuaire. « On ne devrait jamais quitter Saint-Nazaire » est le leitmotiv du personnage d’André : pourquoi ces clins d’œil étonnants à Saint-Nazaire ?
Philippe Guillard. Mon père vit dans la région depuis plus de vingt-cinq ans, à Crossac, à Saint-Nazaire, à Guérande. J’ai aussi une histoire personnelle avec Saint-Nazaire, j’y ai joué au rugby pendant des années, j’y ai même été un temps entraîneur, et j’ai joué contre Saint-Nazaire et Trignac quand j’étais au Racing Club de France. Je suis donc attaché à cette ville, comme je suis attaché au monde maritime. Ça m’a amusé de faire des petits signes à mes amis.

Votre père, justement, il semble qu’il tienne une grande place dans ce film…
Oui, mon père est un ancien gendarme. Je me suis inspiré de sa rigidité et beaucoup d’anecdotes du film sont bien réelles. Mais le personnage d’André n’est pas une caricature, plutôt un archétype, comme je n’ai pas voulu jouer les clichés sur l’adolescence.

Le duo Olivier Marchal/Gérard Lanvin s’est-il imposé à vous ?
Oui, je savais que cela fonctionnerait. Depuis Le Fils à Jo (ndlr : sorti en 2011), je voulais les réunir à nouveau, pour la chaleur humaine que leur complicité dégage. L’origine de Papi Sitter vient de ce tournage, on vivait dans une sorte de communauté, mon père était avec nous et sa rigueur faisait rire tout le monde, toute l’équipe l’appelait “le capitaine”. Ce film me faisait envie depuis longtemps, Gérard, qui connaît bien mon père, me disait : « Laisse-moi vieillir un peu, j’aimerais le jouer ! »

Trois questions à Gérard Lanvin

Estuaire. Vous avez aussi une histoire avec la région nazairienne…
Gérard Lanvin. Oui, bien sûr, je vis à Guérande depuis trente-cinq ans et je connais bien Saint-Nazaire. Adolescent, mon fils Léo a fait ses débuts à la radio La Tribu avant de partir à Paris et de faire son chemin dans le métier. Ces clins d’œil décalés m’ont beaucoup amusé, une façon de faire un petit coucou aux gens du pays.

Comment avez-vous construit ce duo clownesque avec votre partenaire Olivier Marchal ?
Vous savez, je suis un acteur, pas un comédien, je me sers de ma personnalité. Alors, cela n’a pas été difficile. Il suffit de respecter son partenaire et de s’appuyer sur le talent de l’autre. Mais la vraie porteuse de ce duo est le personnage de la jeune fille, merveilleusement interprété par Camille Aguilar. C’est elle qui nous donne le rythme et la puissance de jeu. Elle nous a communiqué sa générosité, sa maturité aussi.

Le personnage d’André évolue grâce à cette relation avec sa petite-fille. Quel regard posez-vous sur cette jeunesse ?
J’écoute mes enfants et mes petits-enfants, je passe du temps avec eux. C’est la nouvelle génération qui va nous sauver, nous, on n’a pas compris. J’ai envie de dire aux jeunes  : vous êtes puissants et vous n’avez pas le choix, vous devez le faire.