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Cinéma # Saint-Nazaire

Cycle Regards croisés du cinéma français sur la guerre d’Algérie

A l’occasion de la sortie en avant-première le 10 novembre prochain de Des hommes, un film de Lucas Delveau adapté d’un roman de Laurent Mauvignier, le cinéma Jacques-Tati propose un cycle de six films français traitant de la guerre d’Algérie. L’un, Octobre à Paris, a été tourné par Jacques Panijel en pleine guerre, dès le lendemain de la répression de la manifestation d’Algériens du 17 octobre 61. Les autres s’échelonnent de 1963 à 2005.

Celle qui fut longtemps nommée “les événements” est toujours assimilée au tabou et aux souffrances silencieuses. Avant qu’elle ne tombe peut-être dans l’oubli avec la disparition de ses protagonistes, ne laissant plus qu’une douleur fantôme dans le corps du pays et de familles entières. Pourtant, le cinéma français a fait sa part de travail de dénonciation, puis de mémoire, mais ce ne fut pas sans mal. Car c’était sans compter la censure* implacable exercée sur ces films durant toute la guerre, les autorités françaises n’autorisant que des images contrôlées de propagande. Les cinéastes qui ont enfreint les interdictions, comme René Vautier, Cécile Decugis ou Pierre Clément, l’ont payé cher : censure, prison et même torture. C’était aussi sans compter celle, insidieuse, qui a empêché la rencontre avec le public, jugé trop traumatisé par une blessure encore ouverte, la probable autocensure des réalisateurs et surtout le manque d’entrain des producteurs. Finalement, l’important était d’oublier cette “sale guerre” ou tout du moins de la refouler en faisant “comme si”. Un black-out de la mémoire qui a fortement impacté la puissance des regards multiformes qu’aurait pu apporter le cinéma sur cette guerre et ses conséquences, qu’elles soient politiques ou humaines.

Cette proposition du Jacques-Tati est l’occasion d’éclairer une période de l’Histoire de France toujours aussi sensible.

* Interdiction d’Une nation, l’Algérie (1954), de René Vautier, de La Distribution du pain (1957), de Cécile Decugis et Hedy Ben Khalifat, L’Algérie en flammes (1958), de René Vautier, Sakiet Sidi Youssef (1958), de Pierre Clément, 58.2/B (1959), de Guy Chalon, Le Petit Soldat (1960), de Jean-Luc Godard, Octobre à Paris (1961, interdit jusqu’à ce que René Vautier fasse une grève de la faim d’un mois), de Jacques Panijel, J’ai huit ans (1961), de Yann Le Masson et Olga Poliakoff… Cette liste est loin d’être exhaustive.

PROGRAMME
Salle Jacques-Tati • 20h

La Bataille d’Alger, de Gillo Pontecorva : lundi 2 novembre.
• L’insoumis, d’Alain Cavalier : lundi 9 novembre.
• Avoir vingt ans dans les Aurès, de René Vautier : lundi 16 novembre.
• La Trahison, de Philippe Faucon, lundi 23 novembre.
• Muriel (ou le temps d’un retour), d’Alain Resnais : jeudi 26 novembre.
• Octobre à Paris, de jacques Panijet : lundi 30 novembre.