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Expos # Saint-Nazaire

Composition polyphonique d’un territoire plastique

Premier volet du cycle “Généalogie fictive” du commissaire d’exposition Guillaume Désanges, “Spolia” répercute des voix fantomatiques entre les murs du Grand Café.

L’exposition Spolia fait affleurer dès le seuil du Grand Café le territoire qu’elle révèle et construit à l’intérieur du lieu. Le visiteur passe la porte et un bruit se fait entendre sous ses pieds, celui d’un film plastique transparent qui épouse le sol. Parfois plié, gondolé ou déchiré, ce voile plastique garde en mémoire les traces de la mise en place de l’exposition et celles, désormais, du visiteur. Transparent, il laisse visible le sol bâti de chaque pièce, son revêtement de faïence, de béton ou de bois. Mais il révèle aussi la création d’un sol primaire, d’un territoire brut suggéré par la mise en composition et en regard des œuvres.

La rencontre entre le commissaire d’exposition Guillaume Désanges et le duo d’artistes marseillais Mountaincutters est à l’origine de cette exposition polyphonique. Nourris par leur exploration du territoire de Saint-Nazaire, puisant dans son esthétique industrieuse et ses matières industrielles, les artistes ont créé une partition de sculptures et d’installations, pièces de mobilier dont la matière brute de l’acier fait contrepoint avec l’équilibre précaire de ses formes et la fragilité de ses pieds de verre. L’enchâssement des grandes consoles de métal, l’élégance des polyèdres soudés, la discrétion des assises et tablettes disséminées dans l’exposition dessinent les lignes épurées des supports qui accueillent les œuvres des artistes convoqués.

Toutes les créations des Mountaincutters semblent ici pour un moment déposées, disponibles à l’expression d’autres lieux esthétiques avec lesquels elles entrent en résonance, entre absence et présence. Des voix s’élèvent du silence sourd de la matière, des voix parvenues des partitions de musique, des films, des poèmes sur papier ou bande enregistrée choisis par Guillaume Désanges et Mountaincutters pour libérer dans cet espace leur engagement poétique et politique. Les géométries s’opposent, l’artefact et l’organique se mêlent entre les mobiliers d’acier et les œuvres protéiformes qui les habitent. Les deux artistes ont aussi ramené dans l’exposition des objets empruntés au territoire nazairien, transformant la banalité ou l’obsolescence industrielles de ces objets en fragments à la « beauté sauvage », libre.

Une exposition profondément mélancolique.