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Rendez-vous # Saint-Nazaire

CCP : Partir, naviguer, arriver et… repartir

Malgré les reports et les annulations obligatoires subis par tous, l'association historique nazairienne inter-comités d’entreprise invite au lancement du dernier livre de Rémi Checchetto, publié à la suite de sa résidence d'auteur à Saint-Nazaire.

Le dramaturge et poète Rémi Checchetto était déjà venu passer trois fois quinze jours à Saint-Nazaire. Il devait revenir une semaine fin janvier pour clore sa résidence d’auteur au Centre de culture populaire et présenter son nouvel ouvrage nourri de son expérience nazairienne, Partir, naviguer, arriver et autres constructions pas fatalement intempestives*. Les conditions sanitaires ne permettant pas de mener à bien les rencontres prévues dans les entreprises, il ne viendra finalement qu’un après-midi à la librairie l’Embarcadère. « Nous ignorons encore si le travail laissé en suspens pourra se poursuivre ultérieurement. Comme tout le monde, nous pouvons difficilement prévoir », explique Serge Le Glaunec, président de l’association, rappelant que, depuis sa création il y a près de soixante ans, le CCP, outre de soutenir la création littéraire et cinématographique, s’est donné pour mission de favoriser la lecture et l’expression par l’écriture des salariés de ses entreprises adhérentes et plus largement des habitants du territoire.

Serge Le Glaunec et Rémi Checchetto.

« Pour autant, s’il arrive souvent que le travail mené avec les salariés aboutisse à l’édition d’un recueil et que les résidents s’immergent dans la ville et dans la parole des salariés, les auteurs restent absolument libres quant à leur création personnelle et leur démarche d’écriture. Dans Partir, naviguer, arriver et autres constructions pas fatalement intempestives, on sent l’appel de la mer, mais sans une forme descriptive. Rémi Checchetto part de ses impressions, de ce que lui envoie un territoire, de son positionnement par rapport aux autres et à un lieu, puis ce sont les mots qui l’entraînent », précise Serge Le Glaunec. Cela toujours avec un sens de la musique des mots qui emporte le lecteur sur les vagues des incessants mouvements géographiques de l’humanité. Un rythme si puissant qu’une lecture avec le clarinettiste et saxophoniste de jazz Louis Sclavis devait avoir lieu le 7 janvier dernier au théâtre Jean-Bart (reportée en septembre prochain). En attendant, rendez-vous est donc donné ce 30 janvier.

Prix Pelloutier et fête littéraire

« Depuis la sortie du premier confinement, nous continuons à apporter tous les lundis des livres dans les entreprises qui n’ont pas de bibliothèque, même durant l’été. Le lien est resté tissé, indique Frédérique Manin, animatrice Projets Lecture & Ecriture au CCP. De même, nous relançons le prix Pelloutier qui devait avoir lieu en septembre. » Le thème de cette édition ? “A deux c’est mieux l’amour”, « même si ce n’est pas forcément réussi… ». Comme à chaque édition, des rencontres seront (si autorisées) programmées avec les écrivains ou les éditeurs.

Soirée de clôture du prix Pelloutier 2019 à la P’tite scène des halles.

« Il ne s’agit pas tant de primer le meilleur roman de l’année que de provoquer des rencontres avec des auteurs et des éditeurs qui viendront parler de leurs textes, de proposer des premiers romans et des découvertes avec un autre choix que celui mis en avant par les medias. Au fil des années, nous avons aussi sensibilisé les gens aux maisons d’édition, cela fait partie des outils nécessaires à l’émancipation culturelle », insiste Frédérique Manin.

Et ce n’est pas tout : le CCP réfléchit à un projet autour du travail en temps de Covid avec la résidence d’un auteur et des ateliers d’écriture, et à un événement qui reviendra sur la production de l’association en termes de résidences d’auteurs et réalisateurs de cinéma. « Ce sera comme un coup d’œil dans le rétroviseur », imagine déjà Serge Le Glaunec. « Nous ne voulons pas d’un salon littéraire de plus, mais des tables rondes, des rencontres croisées, des projections au cinéma Jacques-Tati, une sorte de grande fête de la culture », conclut Frédérique Manin.

* Partir, naviguer, arriver et autres constructions pas fatalement intempestives, de Rémi Checchetto, éd. Lanskine, 15 €.

///// Prix Pelloutier /////

Six romans en lice :
Ce qu’il faut de nuit, premier roman de Laurent Petitmangin, éd. La Manufacture de livres
A crier dans les ruines, premier roman d’Alexandra Koszelyk, éd. Les Forges de Vulcain
Il est juste que les forts soient touchés, premier roman de Thibault Bérard, éd. L’observatoire
J’ai hâte d’être à demain, de Sandrine Senes, éd. L’iconoclaste
Rose royal, novella noire de Nicolas Mathieu, éd. in8
La vie en chantier, de l’Américain Pete Fromm, éd. Gallmeister
Ces livres sont disponibles dans les bibliothèques des entreprises adhérentes au CCP et à la médiathèque Etienne-Caux, et sont à lire jusqu’au mois de juin.
Inscription pour faire partie du jury : lecture@ccp.asso.fr

 

//// Interroger le travail /////

Depuis sa création en 1963 par des syndicalistes et le comité d’entreprise de l’Aérospatiale (Airbus), le Centre de culture populaire, association agréée d’éducation populaire, travaille à l’émancipation par la culture des salariés et de leurs familles, que ce soit dans leurs entreprises ou dans la ville où ils vivent. Rapidement rejoint par d’autres comités d’entreprise, il organise depuis près de soixante ans des résidences et des ateliers de toutes sortes autour de la lecture, l’écriture, le spectacle vivant, le cinéma, dans les entreprises, en inter-comités d’entreprise et pour tous les habitants. Son objectif premier est de rendre possible la rencontre entre la culture et le monde du travail, de faire émerger et de conserver la parole de salariés pour une reconnaissance d’une culture ouvrière.
Le CCP, c’est un nombre considérable d’accueils d’artistes et de militants, certains ayant laissé des traces profondément inscrites dans la mémoire et l’histoire du bassin nazairien comme Catherine de Seynes ou René Vautier, pour ne citer qu’eux, de publications et d’événements marquants.
Au fil de l’évolution de la société et des demandes de loisirs de plus en plus axés sur la consommation, le CCP a perdu des CE adhérents pour ne plus en compter que 15 aujourd’hui, essentiellement de grosses entreprises (Total, Les Chantier, le COS), et ses ressources se sont sérieusement fragilisées. Il continue cependant à œuvrer à la mission qu’il s’est donnée auprès des salariés et de la population.
CCP : 16, rue Jacques-Jollinier, Saint-Nazaire.