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Spectacles # Saint-Nazaire

Le journal d’un disparu

Une œuvre brûlante de Leos Janacek, créée au Palais Reduta de Brno, en République tchèque, en avril 1921, illuminée par la mise en scène d’Ivo van Hove.

Voilà plus de trente ans que le grand metteur en scène flamand Ivo van Hove travaille à un théâtre traversé par les émotions humaines. Un théâtre de l’urgence, nourri du spectacle du monde. De Shakespeare à Brecht en passant par Duras ou Visconti, il dialogue avec ces œuvres pour mieux éclairer notre vie et notre société. En 2016, son adaptation puissante des Damnés de Visconti aura électrisé le public du Festival d’Avignon.

Une passion dévorante

Avec le Journal d’un disparu, Ivo van Hove propose une version actualisée de l’œuvre du compositeur  tchèque Leos Janacek, l’histoire d’un paysan slovaque aux prises avec une passion amoureuse, celle d’un paysan guidé par un feu qui le ronge pour une jeune tzigane, au point de braver les interdits et de tout abandonner pour suivre cette femme incandescente. Une histoire en résonance avec celle du compositeur qui vit alors une passion folle pour sa jeune muse, Kamila, de trente-huit ans sa cadette. A partir de son histoire d’amour impossible, il composera un cycle de 22 poèmes chantés en moldave pour ténor et mezzo-soprano. Il y est question d’amour, bien sûr, mais aussi de déracinement et d’identité dans une société qui rejette le peuple tzigane.

Entre théâtre et opéra

Imprégné de l’abondante correspondance échangée par Janacek et Kamila, Ivo van Hove s’est emparé de cet “opéra miniature” en le transposant dans le huis clos d’un atelier de photographie, et a fait appel à la jeune compositrice belge Annelies Van Parys pour ajouter une pièce contemporaine à la partition initiale. Sa mise en scène subtile et sophistiquée est au service des chanteurs, Marie Hamard (mezzo soprano) et Andrew Dickinson (ténor). Le résultat est vocalement à son plus magnifique niveau – comment résister à l’envoutante mezzo-soprano ? – et Lada Valesova au piano porte très haut la partition. En coulisse, un chœur de trois sopranos tisse d’autres fils…

Ivo van Hove apporte ainsi un écho actuel à une histoire marquée par l’esprit européen du début du siècle passé. Intense, sobre et intemporel.