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Livres # Saint-Nazaire

Léa Kutlay, question de points de vue

Du haut de ses 17 ans, la jeune auteure illustratrice Léa Kutlay vient de publier Résilience. Sa toute première bande dessinée dévoilée au public.

En voilà une qui a de la suite dans les idées ! A 14 ans déjà, Léa Kutlay défiait les lois de la pesanteur (scolaire) ! Préférant de loin rater les cours que de passer à côté d’une conférence sur le transhumanisme ! Rien de plus logique pour cette jeune Nazairienne alors en quête de matières pour alimenter “Eugénics”, néologisme d’eugénisme. Un coup d’essai, une ébauche de roman qu’elle ressortira des placards, en 2021, pour donner in fine naissance à Résilience. Sa toute première BD fraîchement dévoilée au grand public ! Et qui commence ainsi : « Nous sommes en 2070, à Saint- Nazaire. Dans ce futur proche, la science et l’éthique sont en constante évolution. Désormais, les membres de familles aisées ont accès à des clones… » 

 

Piquée aux thrillers, à la SF et aux romans d’anticipation dystopiques, Léa a su où puiser ses inspirations… Le meilleur des mondes, 1984, Fahrenheit  451, Agatha Christie, Maxime Chattam… Des lectures et écrivains qui l’ont nourrie, inspirée, forgée. Qui ont aiguisé son sens de la narration. Psychologique, incisive, jamais à double tranchant. Dans Résilience, publiée par l’association nazairienne Culture pop*, la confrontation des points de vue est au cœur du sujet.  

Elle fait bouger les lignes… 

Wyatt, l’un des deux personnages principaux vient d’apprendre une nouvelle terrifiante à propos de son frère, Noah. Après quoi, tout chamboulé à errer dans les rues, il se fait renverser par une voiture… Acceptera-t-il ou non de voir son clone se faire tuer pour le sauver ? « C’est dans les situations les plus extrêmes que nous voyons comment réagissent les gens. Que nous découvrons qui ils sont vraiment. J’aime confronter mes personnages à cette réalité extrême afin d’en extraire leurs véritables prises de position. Et d’opposer ainsi leurs différents points de vue. Peut-être pour les pousser à se remettre en question, ou pas ! Tant que nous ne sommes pas directement concernés par le handicap, la maladie… Comment peut-on se sentir réellement touchés et agir activement pour telle ou telle cause ? » Une réelle question que soulève Léa pour qui cette confrontation d’opinions s’illustre davantage comme une réponse à sa propre curiosité qu’à une volonté réelle de changer la façon de penser d’autrui. « Après, si ça fait bouger les lignes, j’en serai ravie. Même si, à la base, ce n’est pas mon intention première », confie la jeune auteure illustratrice. 

Léa n’en est pas à son coup d’essai : « J’ai réalisé un manga de 60 pages que j’ai perdu ! J’ai fait des BD pour des amis et J’en ai à peu près une dizaine en cours. Mais aucune n’est publiable.Elles font partie du passé. »  

… Et refait la carte du monde 

Car en plus d’écrire, Léa illustre… Et s’inspire du cinéma pour « créer les cases narratives », du théâtre pour sublimer « l’exagération des émotions », de la BD pour « définir la gestuelle », de la danse pour « capter l’essence du mouvement ». Et de la musique, toujours, pour se concentrer ! Ses premiers coups de crayon, à 6 ans. Depuis, elle rêve d’Angoulême, pour son école et sa section bande dessinée. En attendant, elle poursuit son petit bonhomme de chemin à l’école de Beaux-Arts de Brest. Des projets plein la tête : « Je prépare une BD sur la vengeance dans un pays que j’ai totalement imaginé. En fait, je refais la carte du monde » sourit-elle. Il y sera question de culte, de famille royale, de justice. Et de confrontations de… points de vue !  

* Résilience publiée par l’association nazairienne Culture pop, d’abord parue dans Sinon magazine (.com), puis disponible gratuitement dans les librairies Le chaudron, L’oiseau tempête et L’embarcadère.