Yellel
Six corps électrisés d’énergies face aux vagues de la Méditerranée et dans les ombres mouvantes d’un moucharabieh : avec Yellel, le chorégraphe Hamid Ben Mahi fait danser la splendeur des différences.
Yellel, là-bas, en Algérie, le village d’où est parti son père et où lui-même n’a jamais posé ses pieds. Lui, c’est à Talence qu’il est né et à Bordeaux qu’il a créé en 2000 sa compagnie de danse Hors Série. Des deux côtés de son histoire, Ben Mahi n’a cessé d’être habité par la quête de son identité de fils d’exilé. Avec des pièces chorégraphiques graves dénonçant la situation des sans-papiers, la colonisation et la guerre d’Algérie, il n’a jusqu’ici eu de cesse de fouiller les tensions de tout ce qui fracture en repoussant les frontières de son art, le hip-hop, qu’il aime hybrider de danse contemporaine ou orientale.
Peut-on vivre avec deux cultures ou est-on contraint d’en effacer une ? Par quoi et par qui sommes-nous traversés, que portons-nous du passé dans notre présent, parfois à notre corps défendant ?
C’est aujourd’hui justement par ces corps vivants de six danseurs – dont lui-même – que le chorégraphe nous raconte l’apaisement, ces vies faites de morceaux de puzzles épars qui peuvent, mariés, créer les plus belles mosaïques. Et c’est bien ce qu’est le spectacle Yellel : un magnifique voyage de corps riches d’expressions d’ici et d’ailleurs, dans lequel se mêlent avec bonheur rythmes, couleurs, danses orientale et urbaine sur une création sonore des musiciens de mandoluth et de percussions Ahmad Compaoré, Hakim Hamadouche et Manuel Wandji.
Une invitation humaniste et optimiste à ressentir ce qui nous rassemble : la beauté des multiples empreintes digitales, l’ivresse de la liberté de vivre sans rien oublier de soi.