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Expos # Saint-Nazaire

Pluie sur mer de Minia Biabiany

Le Grand Café accueille jusqu’au 31 décembre “Pluie sur mer”, une exposition entre installations et vidéo signée de Minia Biabiany.
La jeune artiste guadeloupéenne présente également, au Palais de Tokyo à Paris, “Difé”, feu en créole. Telle une résonance…

Minia Biabiany vient de loin… 6 380 km nous en séparent. Minia Biabiany vient d’une île caribéenne qui ne peut nous être étrangère ! Une île marquée, prise entre « son passé colonial et l’assimilation contemporaine qui en découle », raconte Sophie Legrandjacques, directrice du Grand Café. Minia Biabiany y expose Pluie sur mer ; prise entre deux feux – le difé, en créole – et un océan, l’Atlantique. « Qui relie Saint-Nazaire à la Guadeloupe ».  

L’oubli en question 

L’eau, la mer, le vent, le souffle, le volcan, le magma, le feu… Des éléments connectés, qui traversent les trois salles du centre d’art.  

Qui traversent l’artiste, son œuvre « en équilibre délicat entre poétique et politique, esthétique et éthique ». 

Des éléments puissamment évocateurs. L’océan, qui n’est pas sans faire écho à la traite négrière, incarne, par ces portes faites en bois brûlé, ce « passage du non retour ». Avec pour guides le ciel et ses 15 constellations qui se répondent entre elles. « J’y ai projeté, là où il n’y a rien, des mots en créole, des animaux, des plantes, des mouvements terroristes, des luttes syndicales, la musique gwo ka née sur les plantations… Oui, je les ai placés là où il n’y a rien pour y poser la question de l’oubli ».  

Volcan intérieur 

A l’étage, l’espace a été conçu comme la structure intérieure d’un volcan – en l’occurrence la Soufrière – avec en son centre ce magma fait de verre soufflé. Un magma toujours en mouvement et en dialogue avec ces structures blanches suspendues, telles des membranes qui marquent sa respiration… Un volcan qui revient souvent dans le travail de l’artiste. Pas étonnant puisqu’elle a « grandi face à lui ».  

Comme ces bouts de bananiers dispersés ici et là, d’une manière ou d’une autre, en matière végétale ou en images (vidéo) dans les salles du Grand Café : « Un symbole qui parle de la situation de l’archipel », dixit la jeune trentenaire qui ne peut fermer les yeux sur le scandale du chlordécone : « Les sols sont contaminés pour trois siècles. Il y a un impact direct sur le système de reproduction des animaux, et bien sûr sur toute la chaîne alimentaire. La Martinique a le taux de cancer de la prostate le plus élevé, la Guadeloupe est  3e ! » Ne l’oublions pas… 

Minia Biabiany, note photographique, travail de recherche pour l’exposition « Pluie sur mer », céramique, 2022. 

 

Dans ces espaces pensés comme « un corps vivant qui respire », on y observe des courbes, des céramiques, du sel (de Guérande), des cercles de sable noir volcanique, du tissu, des amarres d’anciens filets de pêche (de Saint-Nazaire), du bois, des boucles ou des chaînes. Chacun y voit, entend, ressent ce qu’il a envie de voir, d’entendre ou de ressentir…  

Visite commentée, tous les samedis, 16h.
Visite LSF, jeudi 10 novembre, 17h30.