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Associations # Saint-Nazaire

L’ASC, la maison de tous les possibles

L’Association solidarités créations (ASC) qui lutte contre l’exclusion à Saint-Nazaire depuis presque 40 ans vient de quitter ses vétustes locaux situés face à la sous-préfecture pour une maison où les « adulations se claquent au superlatif* ». Et les projets se ficellent entre les “locataires” de la rue Gautier et les Nazairiens.

« Plus vaste, plus chaleureux, plus lumineux, plus fonctionnel… » Philippe Colmard, président de l’ASC depuis sa création en 1984 se confond en superlatifs quand il s’agit de faire la description des nouveaux locaux de l’association. Une maison de style basque, classée patrimoine remarquable qui a nécessité pas loin de deux ans de travaux : rénovation de l’existant (159 m2, pour les bureaux, salle de réunion, infirmerie…) et construction d’extensions (255 m2 : salle de repos, douches, bagagerie, réfectoire, cuisine…) Sans oublier la cour extérieure, près de 1 200 m2 ! “Les m2 sociaux” de la Bouletterie des débuts sont bien loin… « Sûr, ça change ! On est très bien loti ici, mais on va vite être restreint en termes de capacité d’accueil. Tous les ans, on voit une augmentation des grands précaires. Et là, avec la Covid, c’est encore plus flagrant. » A ce constat alarmant s’ajoute un phénomène nouveau : le nombre croissant « et énorme » des travailleurs qui dorment dans leur voiture.  

Le Trait d’union 

L’ASC, via le Trait d’union, le service d’accueil de jour, ouvre ses portes chaque année à plus de 500 personnes : « 200 qui viennent régulièrement et 300 environ qui tournent et se déplacent dans tout le Grand Ouest. Chaque jour, on sert 40 repas, une vingtaine de petits-déjeuners. Soit 5 000 repas et 1 800 petits-déjeuners en 2021 ! », précise la nouvelle directrice Mélanie Gachelin. Et l’ex-ingénieure dans l’environnement, directrice insertion au sein de la Fédération des maisons de quartier de Saint-Nazaire, 21 ans durant, d’ajouter : « L’accueil de jour, c’est aussi des permanences de soins, des massages, un centre de vaccination, des douches, un dortoir… » Cinq lits contre deux dans les anciens, vétustes et exigus locaux de la rue Dufrexou, situés face à la sous-préfecture. « Et je peux vous dire qu’ils dorment. Ce qui était plus compliqué auparavant », tient à souligner Philippe Colmard qui se réjouit de l’apaisement ressenti depuis leur arrivée dans la maison de tous les superlatifs. Et de tous les possibles : « Ce lieu, c’est permettre aux sans domicile fixe d’aller à la rencontre de leur droit. Leur droit de se nourrir, de se loger et de se cultiver. » 

 

Lieu culturel ouvert à tous 

L’ASC va profiter de ses grands espaces lumineux, de sa cour de 1 200 m2 et de son hangar pour s’ouvrir aux projets culturels, artistiques (expos, concerts, etc.), aux actions collectives menées avec les habitants de Saint-Nazaire (jardins partagés…) : « Ce lieu n’est pas exclusivement réservé aux gens de la rue. Chacun, chaque Nazairien peut venir avec ses envies, ses idées, ses compétences, ses savoir-faire, ses talents… Il faut sortir de cette image estampillée misère, de cet entre-soi qui renferme. » L’ASC a sa chorale depuis 10 ans, Au clair de la rue, née d’un triste constat : « Ceux qui vivent seuls meurent seuls. » Pour rompre ce funeste sort, la dizaine de choristes accompagne, le jour des obsèques, le défunt en chansons… 

Chantier d’insertion 

L’ASC a d’autres services à son arc. L’insertion par l’emploi, à travers le Serdom, portage de repas à domicile (distribution, production des repas, prise de commandes, entretien des locaux). Au total, ce sont 20 salariés en CDD insertion. Et 130 clients, personnes âgées et personnes en situation de handicap. « L’idée étant que ce soient les pauvres (nos ambassadeurs SDF) qui aident les pauvres, même s’il ne s’agit pas des mêmes pauvretés, précarités, difficultés… Et ce, dans un seul et même but : lutter contre l’isolement social. » 

Le Carillon 

L’ASC qui compte 10 salariés permanents est également porteuse de la franchise sociale Le Carillon, un réseau de 27 commerçants de Saint-Nazaire qui offre aux sans-abris toutes sortes de services gratuits (café, photocopie, recharge téléphone…) . Il est à l’initiative, entre autres, du Calend’art solidaire et à poils 2023 en vente depuis la semaine dernière (lire « Les SDF et leurs chiens devant l’objectif »)

* Denis Tillinac (1947-2020), écrivain, éditeur, journaliste.