Les gros patinent bien
Un spectacle burlesque pétillant de virtuosité pour débuter l’année à l’aune de rires qui font du bien.
Un conteur aux allures de Falstaff retrace dans un anglais improbable la chanson de geste de son ancêtre des îles Féroé poursuivi par la malédiction d’une sirène qu’il avait pêchée par erreur. L’homme fuit comme il peut en traversant mers et contrées en avion, à patins, à trottinette, à dos de mulet. Un périple qui l’emporte de fjords en sierras où les moulins à vent sont devenus éoliennes, des pays nordiques à la Méditerranée en passant par l’Ecosse, et que le comédien Olivier Martin-Salvan nous raconte bien assis… sur sa chaise. C’est son acolyte et complice, le grand, maigre et quasi nu Pierre Guillois, co-auteur de la pièce, qui visualise pour le spectateur lieux, rencontres, péripéties rocambolesques, le tout avec des morceaux de cartons, des boîtes bricolées et un simple feutre.
Les gros patinent bien est une véritable explosion de drôleries, une fantaisie peu ordinaire qui cumule inventivité, folies et imaginaire. Un divertissement qui réussit à marier l’esprit du cabaret burlesque (de carton…) et d’une grande épopée classique. Puisant autant dans le cinéma muet que dans l’artisanat théâtral et l’art clownesque, il est comme un retour à la genèse du spectacle vivant, populaire et tout public. Les gros patinent bien, c’est aussi la quête de sens et de bonheur d’un homme immobile qui se perd dans son errance à travers le monde. Mais le duo le fait avec tant de pauvre panache et tant d’énergie que le rire est toujours au rendez-vous.
Un cartoon théâtral récompensé par le Molière 2022 du théâtre public qui n’a pas fini de faire un carton auprès des spectateurs, petits et grands.