Joséphine Chaffin ou le théâtre militant
L’auteure et metteuse en scène sera l’invitée du théâtre Simone-Veil ce mois de février. Autour de sa pièce Midi nous le dira, elle animera différents ateliers d’écriture et de théâtre sur le récit de l’émancipation et de l’égalité homme-femme.
C’est l’histoire d’une quête éperdue de liberté. Najda, 18 ans, dans une heure, à midi, va savoir si elle est sélectionnée en équipe de France espoir féminine de football. Pour attendre, elle enregistre une vidéo qui s’adresse à la femme qu’elle sera dans dix ans. Elle raconte son histoire, son parcours, ses rêves pour l’avenir et évoque toutes les femmes qui l’inspirent et l’ont inspirée. C’est l’histoire de Midi nous le dira, un monologue écrit et co-mis en scène par Joséphine Chaffin, invitée avec sa Cie Superlune, par le théâtre Simone-Veil de Saint-Nazaire.
« C’est la voix d’un féminisme d’aujourd’hui. C’est un récit sur l’émancipation, sur les obstacles à la liberté rencontrés par les femmes. Mais ce n’est pas un spectacle genré. Il s’adresse aussi aux jeunes hommes et aux injonctions qui leur sont faites sur la masculinité », explique l’auteure.
Le football n’est qu’un prétexte : « Je traite du dépassement de soi. C’est une pièce qui porte une rage lumineuse. » Un appel à la liberté et à ses limites qui rentre en résonance avec les revendications féministes actuelles. Une pièce écrite, rapidement, seulement en cinq semaines. Comme si cela se révélait une évidence car le féminisme a depuis toujours fondé son travail. Déjà, lorsqu’elle était étudiante à l’Ecole normale supérieure en arts de la scène en 2012 : son mémoire de recherche portait sur le statut des femmes de théâtre en France.
Depuis sa création en 2019, Midi nous le dira se révèle être un succès. Autant auprès du public que des professionnels. La pièce multiplie les récompenses comme le prix Hypolipo, ou encore celui du festival jeune public Mange ta grenouille. Le spectacle se fait aussi remarquer lors du off du festival d’Avignon au célèbre théâtre Train bleu en 2021 qui débouche sur plus d’une cinquantaine de dates. « C’est là que le théâtre de Saint-Nazaire m’a repéré », confie-t-elle. Le succès s’explique aussi par le fait que « c’est un spectacle modulable. Il peut se jouer partout. Autant sur une grande scène que dans une maison de quartier ». C’est donc sans surprise qu’une cinquième saison s’annonce.
Une femme militante
Joséphine Chaffin est une auteure de conviction qui aime s’emparer des sujets de société. Elle les décrypte et les décrie, sans facilité ni raccourcis. Si Midi nous le dira était un cri du cœur spontané, l’auteure s’adonne d’habitude à un travail méthodique et long de recherche avant toute composition. Comme celui de son nouveau projet. Une thématique toujours portée sur l’émancipation mais dont l’histoire sombre révèle les tabous et les interdits de la société : celui de l’inceste et de la pédocriminalité. « L’histoire racontera le parcours d’une jeune fille qui est victime d’inceste et travaille dans la grande gastronomie. Depuis des mois, je lis, regarde, me documente sur le sujet. Il sera mis en scène sous forme de procès. Mais pour ce texte, qui est avant tout une fiction, je veux être précise. Car c’est vraiment un sujet délicat. » Joséphine Chaffin assume ainsi ce regard militant de la société. Et c’est tout naturellement qu’elle défend une certaine vision du théâtre comme « un service public ». Au-delà du lieu, c’est aussi une manière de transmettre et de s’interroger. Avec ce “théâtre” incisif et rythmé, avec sa Cie Superlune, elle s’adresse aux adolescents. A cette nouvelle génération qui s’interroge sur un monde en plein bouleversement.
///// atelier d’écriture /////
Le spectacle Midi nous le dira sera l’axe central d’un projet plus global sur Saint-Nazaire autour de la thématique de la place des filles dans le sport et l’égalité homme-femme dans la pratique sportive. Joséphine Chaffin organisera des séries d’ateliers d’écriture et de mise en voix avec les jeunes de la Maison de quartier de la Chesnaie, les collégiens de Pierre Norange et d’Anita Conti. Sera également proposé un atelier écriture pour le grand public les 20, 21 et 22 février de 10h à 12h30 et de 14h à 16h30, au théâtre Simone-Veil. Les participants seront invités à écrire en groupe dans un mélange de générations (tarifs : de 40 € à 60 €).
Rés. 02 40 22 91 36, letheatre-saintnazaire.fr