Le droit au répit pour les aidants
À l’occasion de la Journée mondiale des aidants, coup de projecteur sur ces personnes qui consacrent leur temps, sinon leur vie à aider un proche,
un parent, un enfant… Direction l’Apei Ouest 44 à Saint-Nazaire au cœur du combat avec Sylvie Beaucé, une maman pas comme les autres.

Florent en compagnie de sa maman, Sylvie Beaucé, présidente de l’Apei Ouest 44.
Aidant… Une notion qui prend corps dans les esprits et ce, « de plus en plus ». Sylvie Beaucé, présidente depuis 2008 de l’Apei Ouest 44 – association parentale qui aide et accompagne les personnes en situation de handicap et leur famille – s’en réjouit, et pour cause : « Nombreux étaient ceux à rejeter catégoriquement ce terme, répliquant qu’ils faisaient juste leur travail de… parents ! Quoi de plus normal, non ? Seulement, que votre enfant soit valide ou en situation de handicap, la donne n’est pas la même », poursuit Sylvie, bien placée pour le savoir. Sa vie a pris un tout autre tournant le jour où son fils Florent fut diagnostiqué autiste, à l’âge de 7 ans. Aujourd’hui, il en a 39 ans, est « épanoui, prépare des kits peinture pour un sous-traitant d’Airbus à l’Esat Co depuis 2017, et vit en foyer… J’avoue, ça fait du bien », respire enfin Sylvie. Enfin, car sa vie ne fut pas un long fleuve tranquille.
« L’Apei a changé ma vie »
Le combat a été long, et les concessions multiples (la plus courante, la perte d’un emploi) « avant que nous en arrivions là. Et, le combat est loin d’être fini. Tous n’ont pas la chance de Florent. » Il suffit de jeter un œil sur les listes d’attente des IME (Instituts médicaux éducatifs), foyers d’accueil médicalisés et autres établissements adaptés pour juger de l’état de la situation ! Et cette maman dévouée d’avouer que sans l’Apei et son service d’aide aux aidants créé en 2003, elle n’en serait peut-être pas là aujourd’hui : « Ça a changé ma vie. J’ai trouvé un lieu où l’on m’écoutait, m’épaulait, me conseillait, et accompagnait mon enfant avec la plus grande des attentions. Je n’étais plus seule. Et ça fait toute la différence. » Si Sylvie témoigne, si elle se permet, clame tout haut ce que les autres n’osent dire, c’est pour encourager ces aidants à sortir du silence.
« Assumer seul, c’est impossible. On se retrouve souvent démunis, on s’épuise très vite, on craque, on s’isole… Sans soutien, on va droit dans le mur. »
Journée nationale des aidants
Depuis 2022, le service de l’Apei d’aide aux aidants est devenu Pôle des aidants, une plateforme de répit et d’accompagnement pour tous les handicaps confondus. En plus du soutien social, moral et administratif, le service propose moult activités collectives et/ou individuelles (groupe de parole, réunion d’information, ateliers bien-être, de médiation animale et petite nouveauté, de réalité virtuelle.) Vendredi 6 octobre, aura lieu la Journée nationale des aidants avec la projection du film de Margaux Bonhomme Marche ou crève, suivie d’un débat sur l’impact du handicap dans la fratrie. L’occasion de mettre en lumière ces personnes de l’ombre – plus de 11 millions en France – qui se donnent corps et âme, oubliant parfois leur existence propre. D’où l’importance de poser le mot aidant : « Plus qu’un mot, c’est une reconnaissance, une identité, une légitimité dans le combat qui aide à la déculpabilisation » quand le sentiment d’abandon prend le dessus : « Il n’est pas toujours simple de confier ses enfants… Mais c’est essentiel pour souffler, vivre et continuer le combat. »