[zoom] L’arbre aux papillons d’or
(Vietnam 2023) drame de Pham Thiên Ân avec Le Phong Vu, Nguyen Thi Truc Quynh, Nguyen Thinh.
2h58.

Plus qu’une performance de réalisateur, une performance de spectateur ! Quasi 3h, assis face à cette inertie contemplative assurément « préférable à quoi que ce soit », comme l’aurait sous-entendu Dostoïevski. Assurément…, et qui plus est quand celle-ci nous prend par la main, nous entraînant avec calme et volupté dans son sillage, en quête de son soi spirituel, de sa foi intime.
Par cet éloge de la lenteur, Pham Thiên Ân livre là une danse picturale, sensorielle et sonore inaccessible au commun, à couper le souffle. Par cette lente et, pour certains, soporifique respiration poétique, il est aisé de perdre pied, et de s’enfuir. Ou a contrario, de trouver de quoi remplir ses poumons pour se lancer une nouvelle fois dans la danse, et qui sait, finir suspendu dans les airs, réflexif, sur le chemin de la lévitation… Perdu parfois, comme l’oncle Thien, entre réalité et imagination, rêve et authenticité. Car si par moments on frôle le docu-fiction (avec à l’épaule cette caméra qui alterne travellings et plans fixes d’une longévité qui nous met à rude épreuve), une part autre du film dérive sur un continent de douce confusion onirique. Douce confusion où l’étrange se confond, se fond au gré des personnages rencontrés sur la route empruntée par ce “sauveur”, héros malgré lui. Lui, parti à la cherche de son frère qui a abandonné une femme aujourd’hui morte, et un fils qui n’a désormais que Thien pour (re)père !
L’arbre aux papillons d’or reste, malgré sa lenteur qui fait sa force au final, une petite merveille à méditer, un road-movie initiatique qui nous promène dans les contrastes de la vie… Entre l’agitation de Saïgon et les campagnes vietnamiennes où l’on entend le temps s’arrêter, la pendule faire tic et plus loin tac, le coq chanter ; où l’on sent le vent frapper nos visages, la pluie battante tomber sur nos épaules, le baiser d’antan claquer ; où l’on voit la brume et ces halos divins envelopper le macadam, l’humidité envahir les linceuls aux rythmes des prières, les regrets pleurer… Des images, des sensations, des paroles qui restent imprimées longtemps, très longtemps !