[zoom] Linda veut du poulet !
(France 2023) animation de Chiara Malta et Sébastien Laudenbach.
1h16.

Le nouveau long-métrage d’animation de Chiara Malta et de Sébastien Laudenbach se présente d’emblée comme désopilant. Linda veut du poulet !, le titre à lui seul interpelle. Il annonce même la couleur. Chaque personnage y est dessiné au trait noir, avec un jeu de couleur spécifique pour chacun : Linda, en jaune, Paulette, sa mère, en orange, Astrid, la tante yogi mais pas vraiment zen, en rose… Ce style graphique rend le dessin joyeux, particulier et proche de l’estampe. Le point de départ de l’histoire est pourtant dramatique. Le décès subit du papa de Linda, encore bébé, subtilement évoqué au moment d’un plat qu’il est en train de cuisiner : un pollo con peperoni. Un poulet aux poivrons. Ce plat est le seul souvenir qu’il reste à la petite Linda de son papa. Alors quand sa mère fait la promesse de lui préparer la recette paternelle un jour de grève générale, il y a comme un os… de poulet ! Car le supermarché, la boucherie, tous les commerces ont baissé leur rideau. La quête du volatile, mort ou vif, devient une véritable course poursuite aux péripéties rocambolesques et personnages loufdingues. Linda qui vit dans un immeuble avec sa mère entraîne toute la cité dans cette aventure urbaine et savoureuse, menée tambour battant à l’aide des voisins. Dans ce film à cent à l’heure, les scènes cocasses se succèdent comme celle de la pêche au poulet, au propre et au figuré.
Prix Cristal du film d’animation d’Annecy 2023, Linda veut du poulet ! offre aussi une douce réflexion sur le deuil et les souvenirs. Il est traversé par beaucoup d’émotions, de tendresse et d’humour avec des références à l’histoire sociale et un clin d’œil appuyé à Balladur. « Je vous demande de vous arrêter », lance ainsi le chef des CRS aux enfants en pleine manif’ et bataille de pastèques. Le film parle donc à la fois aux spectateurs de 6 ans mais aussi à ceux qui les ont dépassés depuis longtemps, voire très très longtemps.
Et puis, ce dessin très animé prend par moments des échappées en forme de comédie musicale chantée par les voix du film (Clotilde Hesme, Laetitia Dosch, Pietro Sermonti). La musique, signée Clément Ducol sur des paroles des réalisateurs, illustre les émotions traversées par Linda. Chaque chanson ajoute une strate de narration supplémentaire pour se terminer en apothéose musicale avec la BO, Un souvenir ou deux. Interprétée par Juliette Armanet, elle rend le propos encore plus beau. Décidément, dans Linda veut du poulet !, tout est bon. « Promis, juré, craché, vomi ! », comme dirait Linda.