Maxime Germain, le tribun du 9e art
Du haut de ses 31 ans, l’illustrateur protéiforme fait de la diversité des genres sa marque de fabrique. Des comics à la BD historique, via le dessin de presse…
Et le sport avec la sortie, ce mois-ci, de la docu-BD Histoires incroyables de la Coupe du monde de rugby. Essai garanti !

Maxime, dans son univers, entre ses créations et celles de ceux qui l’ont inspiré, tels Mathieu Reynès et Daniel Warren Johnson parmi tant d’autres…
De son combat mené à la pointe du crayon, Maxime Germain veut en laisser une trace. Une empreinte “encrée” dans l’histoire, et les esprits : « Qu’une fois mort, mes œuvres ne tombent pas dans l’oubli. » Et que son nom soit sanctifié à l’international ! Plutôt que de les taxer de présomptueuses, faisons de ces intentions son leitmotiv, son moteur qui le « booste », l’exhorte à sublimer son art, son style, en constante réflexion. Un ego « assumé » qui n’en est pas vraiment un puisque véhiculant certaines valeurs humanistes. Et si Maxime est sûr d’une chose, c’est bien celle-ci : « Ma première BD en solo fera partie de celles qui marqueront » le commun des mortels, avec l’espoir de la voir un jour s’immiscer dans les classes d’arts, d’histoire, de sciences politiques ! Le sujet est tout trouvé…
Une BD pour ne pas oublier
Le jeune trentenaire natif de Normandie racontera, dessinera l’histoire du frère de sa grand-mère, mort brûlé vif dans un tank durant la Seconde Guerre mondiale. « Un jour, je suis tombé sur ses mémoires. Je ne pouvais les laisser lettre morte. S’il les a écrites, ce n’est pas pour rien », confie Maxime avec, entre les mains, ce trésor de l’Histoire qui n’attend plus que d’être mis en bulles, tel un devoir de mémoire : « Cet héritage, je me dois de le faire vivre… Pour ne pas oublier. Pour faire réagir, éveiller les consciences. » Maxime lui donnera corps, le moment voulu. Tout vient à point à qui sait attendre, une maxime – peut-être même en fera-t-il son épitaphe ! –, qui lui sied à merveille… Maxime est un illustrateur qui a pris son temps, hors des sentiers battus. Son diplôme d’ingénierie industrielle en poche, il reste au Havre travailler en tant que dessinateur projecteur pour des raffineries, puis débarque en 2012 à Saint-Nazaire, aux Chantiers de l’Atlantique où il porte la casquette de superviseur balcon sur les paquebots… À contre-courant de ses convictions, entre autres écologiques, et de sa nouvelle vie. On y vient…
« Quand j’ai eu l’aval que j’attendais, celui d’un pro, je ne pouvais plus faire marche arrière, j’y suis allé, j’ai osé et me suis lancé comme freelance. Et quel pro ! Serge Le Tendre, l’un des plus grands scénaristes de la BD franco-belge. »
Du basket à la Coupe du monde de rugby
En parallèle des Chantiers, il décide de faire du dessin (qu’il tâte depuis sa tendre enfance) son métier ; s’abreuve de bouquins, passe des nuits entières à plancher, à se former, se perfectionner, à apprendre : « Le jour où je n’apprendrai plus, c’est que je serai mort ! », sourit cet insatiable autodidacte qui récolte aujourd’hui ce qu’il sème depuis quatre ans. Des petits contrats pour commencer, des flyers pour les Maisons de quartier de Saint-Nazaire, l’affiche du festival Bouge l’an dernier, des ateliers pédagogiques dans les quartiers populaires de Nantes… Et cette année, des gros contrats ! Avec la sortie en septembre de MSB, Le Mans Sarthe basket, un projet collectif. Le Nazairien d’adoption, fraîchement estampillé freelance, y a réalisé 11 planches, « le plus gros chapitre », lance-t-il, un brin de fierté dans la voix. Et quasi dans la foulée, la parution en octobre, toujours aux éditions (nantaises) Petit à petit, de la docu-BD Histoires incroyables de la Coupe du monde de rugby avec trois de ses planches consacrées à l’Anglais Jonny Wilkinson. Un joueur, parmi tant d’autres “portraitisés“ qui ont fait l’histoire de ce sport, entre anecdotes et grands moments d’anthologie, dans les coulisses comme sur la pelouse ! Un jeu de cartes pour la SNCF à destination des personnes handicapées est en cours, ainsi qu’un comics…
Un coup de griffe engagé
Comics donc, mais aussi mythologie grecque, univers fantastique, mangas… Diversité des genres oblige !, Maxime Germain est un touche-à-tout qui se revendique comme tel. Et qui met volontiers son crayon au service des grandes causes. Défenseur mais pas donneur de leçon… Enfin, sur les planches ! : « En dehors, c’est un autre débat ! Mais comme je suis mal à l’aise à l’oral, j’exprime mes messages, mes combats par le dessin », et disons-le, par le dessin de presse aussi… Le climat, l’inflation, les problèmes sociétaux dans leur globalité, et les Ouïghours. Un sujet qui lui a valu de décrocher la deuxième place d’un concours organisé sur les réseaux par l’Institut Ouïghours d’Europe. « J’adorerais bosser pour le Canard Enchaîné, Charlie Hebdo, et réaliser des storyboards pour le cinéma », cet autre univers à conquérir…