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Spectacles # Saint-Nazaire

Superstructure récit chorale d’un pays blessé

Colonisation, guerre d’Algérie, décennie noire, confiscation du pouvoir... À l’écoute du chaos des soixante dernières années de l’histoire algérienne.

Au départ était Gratte-Ciel*, ouvrage de Sonia Chiambretto où s’entendent les voix de jeunes Algériens, traversés par la mémoire contusionnée de leurs parents, qui ne connaissent leur pays que violent et violenté. Le metteur en scène Hubert Colas s’en est emparé en le renommant Superstructure, en référence au fantasme architectural de Le Corbusier qui avait imaginé dans les années 30 le projet Obus, un immeuble face à la mer de dix kilomètres dont le toit devait être une autoroute. “Obus”, parce que faisant exploser toutes les normes de l’architecture, de même qu’il devenait le symbole de la confiscation coloniale d’un pays.  

Sur scène, c’est dans le décor de cette architecture finalement avortée que les multiples voix d’Algérois croisent, sans chronologie historique, la projection de vues de la ville blanche, de la Méditerranée, d’extraits du film La Bataille d’Alger, dans une superposition de couches de mémoires. Pourtant, ces fragments entremêlés racontent toujours une  histoire récurrente de sang, de haine, d’effroi, d’angoisse, de plaies qui cicatrisent mal et de douleurs fantômes. Il y a ceux pris dans la tempête, ceux qui vont mourir, ceux qui font la guerre, ceux qui la subissent, ceux qui surnagent. 

Des bouts de vie qui prennent corps à travers sept comédiens venus de tous horizons, une polyphonie entrecoupée, instable, comme le pays auquel elle appartient.  

Un spectacle puissant pour ne pas oublier. Mais aussi pour entendre les vibrations d’un espoir d’avenir aussi fou que les douleurs passées et présentes.    

* L’Arche éditeur.