Les Restos à cœur ouvert
En difficulté, les Restos du cœur recherchent donateurs et bénévoles pour maintenir le navire à flot, et pouvoir ainsi continuer à aider les plus démunis des plus démunis. Même si « le but ultime…, c’est qu’ils ne reviennent pas ». Ce 14 décembre, ouverture des inscriptions pour la collecte nationale.

« Heureusement qu’ils sont là, sinon je ne mangerais pas à ma faim », confie une bénéficiaire qui souhaite garder l'anonymat.
Le mardi et jeudi*, jours de la distribution alimentaire des Restos du cœur, c’est le même constat. Implacable. La file d’attente ne désemplit pas. Depuis le lancement de la nouvelle campagne, le 21 novembre dernier, l’association située au Carrefour des solidarités** a déjà accueilli « 550 personnes. Et nous ne sommes pas rendus au mois de mars. Cet été, nous avions franchi la barre des 1 000 », prévient Isabelle, cogérante avec Maguy, Martine et Marcel, les quatre solidaires sur le front depuis des lustres.
Contraint de refuser des bénéficiaires
Ce mardi, début décembre, sous un soleil glacé, ils sont tous là… Retraités, demandeurs d’asile, parents avec de jeunes enfants, et de plus en plus, déplorent les bénévoles, « d’actifs, de familles monoparentales et d’étudiants, une soixantaine de l’IUT*** ». Tous, à attendre leur tour, pour remplir les paniers, sacs plastiques ou autres “caddies/poussettes” d’infortune… Que faire se peut. Car « les produits se font plus rares, on n’en a de moins en moins à donner », lance Isabelle, attristée. Les raisons sont légion. L’inflation, d’abord. Avec l’explosion des prix alimentaires, et cette liste de bénéficiaires qui ne cesse de s’allonger, les Restos du cœur, qui assurent 35 % de l’aide alimentaire en France, se retrouvent dans le rouge. Et se voient contraints de durcir leurs critères d’admission, et de facto de refuser du monde cet hiver… Au risque de mettre la clé sous la porte « dans trois ans », a alerté, en septembre dernier Patrice Douret, le président de l’association, créée en 1985 par Coluche.
« Je suis de la génération Coluche ! Déja donateur aux Restos,
je suis ici aujourd’hui pour devenir bénévole. C’est important d’être auprès des gens qui sont dans le besoin. »
Matthieu, 51 ans, néo-nazairien se rendra le soir à l’IUT pour distribuer les denrées.

« C’est pas vraiment de ma faute si y’en a qui ont faim. Mais ça le deviendrait si on y changeait rien. » Coluche.
Les jardins solidaires
À cela vient s’ajouter la lutte anti-gaspi menée par les supermarchés, « des dons alimentaires en moins pour nous » et des ramasses fatalement moins fructueuses. « Plus de deux tonnes d’invendus collectés par semaine l’année dernière contre 700 kg aujourd’hui ! Autant vous dire que tout part dans la semaine », fait remarquer Marcel qui sait qu’il peut compter, crise ou non, sur Les jardins solidaires, situés près du Tumulus de Dissignac, pour remplir, à chaque distribution, les étals de ces délicieux légumes de saison. « Les seuls sur le périmètre » à la production constante, soit « 11 tonnes par an, distribuées ici et dans d’autres centres de la Presqu’île ». Les jardins solidaires sont l’œuvre de 40 bénévoles sur les 140 que comptent les Restos.
Recherche bénévoles d’un jour
Quant à la collecte nationale qui aura lieu les 1er, 2 et 3 mars prochains, elle n’est pas à négliger. Et pour preuve « l’équivalent de 8,7 millions de repas ont été collectés en seulement trois jours l’an dernier. » À noter, le 14 décembre, l’ouverture des inscriptions en ligne sur collecte.restosducoeur.org. Les cogérants ne cachent pas qu’ils vont « avoir besoin de renfort. On va être présents dans 11 magasins de Saint-Nazaire. Pour cela, on doit au moins doubler nos effectifs ». À bon entendeur…