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Chroniques # Saint-Nazaire

Christian Bulting livre son enfance nazairienne

Dans La ville atlantique, Christian Bulting se souvient « d’un temps que les moins de 20 ans… » Un temps où les garçons fréquentaient l’école Saint-Jo, les filles Jean-Jaurès. Il se souvient de « quelque chose qu’il ne saurait nommer et qui doit s’appeler bonheur ».

Vous êtes un peu le Michael Scofield de Prison break avec les plans non pas de la prison tatoués sur le corps mais ceux de Saint-Nazaire, non ?
Cette ville, je l’ai toujours ressentie comme le prolongement de mon corps. Comme si je ne savais me dissocier de leur topographie. Ses rues sont presque moi. Quand j’écris, j’essaie aussi d’être précis. J’aurais même pu l’être plus encore. En réalité, chaque lieu décrit est lié à un souvenir affectif : le tabac bleu, le cimetière de la Briandais où je me rendais avec ma grand-mère, l’immeuble aux carreaux de céramique jaune où mon père tenait un magasin de photographie… Et puis, quitte à décrire Saint-Nazaire, autant le faire de manière précise. On lit ce livre différemment si on a connu ce Saint-Nazaire d’hier. Ces descriptions peuvent tout de même parfois évoquer d’autres lieux. Comme un singulier qui aspire à l’universel… 

Pourquoi aimez-vous tant Saint-Nazaire ?
Si Rome est une ville ouverte pour Rossellini, pour moi, Saint-Nazaire est une ville ouverte sur les Amériques. Comme si le monde s’ouvrait à partir de ce boulevard Albert 1er et de la mer. « La mer, la mer, toujours recommencée ! », comme l’écrivait Paul Valéry. Petit, elle me faisait rêver. Et puis, il y a le port, la trace prégnante de l’histoire. Saint-Nazaire est ma ville de cœur. Elle le restera toujours. J’y ai passé 32 ans. Je l’ai quittée parce que j’ai pris un poste à Nantes où j’ai enseigné la philosophie. 

Saint-Nazaire n’est-il pas finalement le personnage principal de votre livre ?
Si. J’y reviens 56 ans après pour reprendre le chemin de mon enfance et de mon adolescence. Dans ce livre, je remets mes pas dans ceux du garçon que j’étais en arpentant cette ville rectiligne pour me raconter à travers elle. Car j’écris plutôt des autobiographies indirectes. 

D’ailleurs, écrivez-vous beaucoup ?
À dix ans, j’ai écrit mes premières fables et même des poésies ! Je me suis toujours consacré à l’écriture parallèlement à mon métier, et avec le poids des ans, l’ensemble a fini par faire une œuvre. Pendant longtemps j’ai également été engagé en poésie, j’ai créé la revue et les éditions À contre-silence en 1979 avec mon frère. La ville atlantique est mon 3e roman mais j’ai écrit aussi des récits, recueils et un essai.