Le cercle des slameurs (pas) disparus !
Depuis 2010 qu’elle fait claquer les textes dans les bars, l’association Terre de slam offre aux amoureux des mots un espace libre d’expression poétique urbaine et populaire.
« Et pourquoi ne présenterions-nous pas une équipe pour la Coupe de la Ligue Slam de France ? », s’interroge Thomas Riredelion… Y a plus qu’à !
Qui a dit que la poésie ne déplaçait pas les foules ? Ce mercredi d’automne, ils étaient plus d’une cinquantaine à s’être pris au(x) mot(s) ! Amateurs néophytes ou confirmés, jeunes ou moins jeunes, ils étaient tous là, Chez la Bretonne, prêts à dire et/ou écouter les récits de vie, les luttes, les rêves et autres inspirations de chacun, en ce soir, disons-le, un peu particulier. Puisqu’on y fêtait les 80 ans du doyen. Au micro, la plus jeune, Anouk, 10 ans, soufflait alors ses mots d’anniversaire au poète nazairien d’origine hollandaise, Lucien Van Meer qui remportait, il y a 4 ans, le premier prix d’un concours de poésie célébrant le centenaire de la naissance de René-Guy Cadou. L’une des “stars” locales de Terre de slam, avec la poète franco-galloise Chloë Virginia-Thomas et l’écrivain néo-nazairien Stéphane Rosière, géographe et géopolitologue à la retraite.
Des “stars”… En fait, ici, ils le sont tous ! « Chacun est libre de venir s’exprimer. Il n’y a pas de bon ou de mauvais texte. On est dans le partage, l’écoute, la bienveillance, jamais dans le jugement. C’est comme une grande famille », rassure Thomas Alexis, le fondateur, en 2010, de cette association forte d’une vingtaine d’adhérents.
« On le dit avec ses tripes »
Quelques scènes ouvertes dans des bars pour commencer, puis à partir de 2014, les rendez-vous sont devenus plus réguliers, attirant ainsi un public en quête d’envolées slamées, un public « qui aime les mots, qui aime à les déclamer, les projeter dans l’espace, et surtout qui a cette envie de leur donner vie. Le slam, c’est l’art d’écrire pour dire. Et quand on dit, on le dit avec ses tripes. On le vit, intensément, de l’intérieur », confie Thomas Riredelion de son nom de scène, « un slameur, un blaze, le rituel ». Pour Pascal et Nelly Le Bescop, respectivement président et trésorière, ce sera KoToPo et Nelcabes, telle une évidence depuis le jour où le virus slam les a piqués « par hasard », au cours de l’année 2017.
Démocratiser la poésie
Sept ans déjà, et la passion de claquer* les mots reste intacte. De les claquer dans des lieux clos, et à l’extérieur aussi, partout, « pour démocratiser la poésie, la rendre accessible ». Cet art de la parole qui mélange poésie, rythme et performance est né aux États-Unis en 1986 sous l’impulsion de Marc Kelly Smith, poète et entrepreneur en bâtiment. Arrivée en France dans les années 90, il se popularise avec des artistes comme Grand Corps Malade ou Abd al Malik. En 2009, la Ligue Slam de France voit le jour. Des clubs se forment dans l’Hexagone, dans le monde, et jusqu’au Pôle Sud, semblerait-il ! Dans les cafés, les théâtres, les salles de concert, dans la rue… Où qu’elle soit, la poésie s’exalte, les voix s’élèvent, les mots dansent et résonnent dans l’air. Chaque syllabe devient une note, chaque métaphore un écho. C’est un art qui transcende le simple langage, créant une communion (cruciale) entre l’orateur et son public. Et ce, en trois minutes chrono ! Alors, tous à vos plumes et micros. Sûr, ça va claquer !
À Saint-Nazaire,
« Enclave de l’estuaire
Exprimons nos frissons
Écrivons nos passions
Aux doux bords de la mer (…)
Nombreuses métamorphoses
De leurs ailes s’envol’ront
Des slameurs papillons
Qui écrivent et qui osent »,
slame Thomas Riredelion, photo ci-dessus au micro.
Info + : la brochure des slams de l’année sera en vente à partir de janvier 2025.