Les dix d’Ascalie prennent leur Revanche !
La Revanche, une adaptation audacieuse de La visite de la vieille dame de Friedrich Dürrenmatt incarnée avec profondeur par Les dix d’Ascalie de l’association nazairienne Enjeu Paroles. Une immersion théâtrale d’une intensité dramatico-burlesque qui n’est pas sans faire écho à l’actualité.

La troupe Les dix d’Ascalie en pleine répétition à quelques jours des trois coups.
Après les succès rencontrés lors de ses précédents spectacles – un par an depuis sa création en 2018 –, la compagnie Les dix d’Ascalie revient avec une pièce tout aussi engagée, La Revanche. Une réécriture « raccourcie » et audacieuse du célèbre chef-d’œuvre de Friedrich Dürrenmatt, La visite de la vieille dame, jouée sur scène pour la première fois en 1955, et sur grand écran en 1963, sous le nom de La Rancune. Cette nouvelle version, mise en scène par la comédienne professionnelle Véronique Valmont, formée à l’école de la Rue Blanche à Paris, promet de plonger le public dans un maelström d’émotions où justice et vengeance s’entrelacent dans un monde cruel et profondément humain.
« Une pièce de théâtre, une comédie, une tragédie, un drame…
Cela doit être une sorte de personne ; cela doit penser, cela doit agir, cela doit vivre. »
Victor Hugo.
La revanche d’une milliardaire
C’est l’histoire de Claire Zahanassian. De retour, 45 ans après les faits, dans son village natal dévasté par la pauvreté, la désormais vieille femme devenue milliardaire « réclame la tête de son ami d’enfance et amant, qui l’a autrefois trahie. Et propose aux habitants une somme colossale en échange de la condamnation à mort de ce dernier. » S’ensuivra alors une traque qui mettra en lumière ces thèmes universels que sont l’hypocrisie, le pouvoir de l’argent, la cupidité, la lâcheté, la moralité, la corruption… Des thèmes universels, et ô combien actuels ! Car voilà en effet une tragicomédie humaine qui entre tristement, amèrement en résonance avec le monde d’aujourd’hui.
Un théâtre engagé
Teintée d’un humour bien grinçant, pleine de rebondissements et de suspens, cette pièce n’est pas sans faire penser aux textes d’un Brecht, d’un Malraux, d’un Sartre…, ou à Dogville de Lars von Trier, sorti dans les salles obscures en 2003. « D’ailleurs, j’avais imaginé, pour cette adaptation, un même plateau scénique, dessiné à la craie. Mais au théâtre, c’est plus difficile à mettre en œuvre qu’au cinéma ! », évoque Véronique Valmont, fondatrice en 2008 d’Enjeu Paroles*, au côté de Gérard Podevin qui, en plus d’être président de l’association, porte la triple casquette de comédien, régisseur et bricoleur « quand il le faut. Ici, chacun met la main à la pâte ! On fabrique nous-mêmes nos décors, nos costumes aussi, pour la plupart ». Nous, ce sont les 17 comédiens, à l’origine 10 – d’où le double jeu de mots Les dix d’Ascalie** –, et l’instigatrice de cette belle aventure théâtrale. Dix-sept comédiens, âgés de 17 à 75 ans. Dix (7) d’Ascalie (donc) au souffle énergique, combatif, et qui ne cessera de l’être… Et pour preuve, en plus de monter des pièces à haute teneur « d’émancipation citoyenne » – et il en faut, surtout en ces temps douteux –, l’association envisage de créer un festival de théâtre amateur à Saint-Nazaire.