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[zoom] El Presidente

(Argentine, Espagne, France 2018) drame de Santiago Mitre avec Ricardo Darín, Dolores Fonzi, Erica Rivas. Durée : 1h54.

Difficile d’entrer dans le palais d’Hernan Blanco, président d’Argentine qui se définit pourtant comme “un homme ordinaire“, même si on y travaille aux cuisines. Dans ses appartements, el presidente (Ricardo Darín) prépare avec son équipe le grand sommet sur l’énergie qui doit se tenir au Chili. Mais comment étouffer l’affaire de corruption que vient de révéler le mari de sa fille Marina (Dolores Fonzi), duquel elle est séparée ? On trouvera plus tard une solution, le sommet va démarrer au cœur de la cordillère des Andes, réunissant tous les présidents des pays d’Amérique latine : il faut trouver ses alliances. Mais Marina, dépressive, va très mal, et Hernan Blanco la fait ramener d’urgence près de lui. Pour la protéger d’elle-même ? Pour la retirer de la vie publique et l’obliger au silence ? Nous ne le saurons pas…

Le metteur en scène argentin Santiago Mitre nous enferme avec virtuosité dans un sombre tissage de vérités/mensonges. Entre intérieurs capitonnés de cet hôtel de luxe totalement isolé au cœur des montagnes et extérieurs glacés seulement parcourus par de longues Mercedes noires, l’air manque, on suffoque. Hors ministres, conseillers et gardes du corps, nous ne verrons pas un seul Argentin ou Chilien, pas une rue, pas d’échappatoire à ce jeu de massacre au sommet des Etats. Coupés du monde, les hommes de pouvoir le dirigent cependant, sous la main insidieuse des Etats-Unis qui n’ont pas quitté le continent depuis Allende. Les tractations alternent avec les trahisons, les frontières de la morale, qu’elle soit politique ou d’ordre privé, sont proportionnelles à celles de la corruption.

L’acteur argentin Ricardo Darín est pour beaucoup dans la réussite troublante du film. Parfait dans ce rôle où séduction rime avec déviance, il pose un regard indéchiffrable sur les événements, sans que nous puissions un seul instant déchiffrer son degré de sincérité, d’émotion ou même d’intelligence. Nous renvoyant à notre rôle de spectateurs du jeu de cartes des pouvoirs dont les règles nous sont soigneusement cachées.

Avis à chaud d’un spectateur
« Excellent film, très bien construit, très bien interprété, mais étouffant… Déjà qu’il est de plus en plus difficile de croire en la parole des hommes politiques… il en remet un couche ! » (Dominique, 57 ans)