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[zoom] l’Ile aux chiens

(Allemagne, Etats-Unis 2018) animation de Wes Anderson. Durée : 1h42.

Après Fantastic Fox en 2010, c’est la deuxième fois que le réalisateur américain Wes Anderson donne dans le cinéma d’animation. Mais ceux qui connaissent bien ses films savent qu’il ne s’agit pour lui que d’un léger changement de forme. En effet, de La vie Aquatique à Grand Budapest Hotel en passant par Moonrise Kingdom, les films de Wes Anderson font toujours l’objet d’un soin méticuleux dans l’élaboration des décors, des cadrages (où la symétrie fait la loi), des travelling (reglés au millimètre) ou ses choix de couleurs (pastelles ou acidulées).

Réalisé en “stop-motion“ (genre d’animation où maquettes et figurines sont photographiées puis animées image par image), l’Ile aux chiens porte donc comme son aîné Fantastic Fox la marque de son réalisateur, mais se montre aussi moins loufoque et léger, plus grave dans son propos en entrant davantage en résonance avec les problématiques de notre époque (on vous laisse deviner les analogies possibles). En revanche, ce qui ne change pas, c’est la poésie avec laquelle l’histoire est racontée, et la beauté renversante des décors, même quand il s’agit d’une île poubelle où règne la désolation. • Jocelyn Prouff

 

Le Japon dans un futur proche. La ville de Kobayashi est dirigée par un maire populiste despotique. Pour jouer le rôle de grand protecteur auprès de la population, celui-ci décrète le bannissement de tous les chiens, atteints d’une épidémie de grippe canine, dont son propre animal de compagnie, Spot. Il va même jusqu’à faire assassiner son adversaire écologiste en passe de découvrir un vaccin qui affaiblirait son pouvoir basé sur la culture de la peur. Voilà donc tous les chiens raflés et déportés sur une île qui n’est qu’une immense décharge d’ordures recouvrant les ruines d’usines du temps d’une industrialisation déchue. Mais le jeune Atari, son fils adoptif, s’enfuit sur l’île pour retrouver Spot. Plus rien n’arrêtera le maire dans sa volonté de juguler cette résistance malvenue et qui réveillera la révolte des meutes de chiens.

Pulsé par une puissante bande-son de percussions traditionnelles japonaises, ce dernier film d’animation de Wes Anderson atteint la perfection esthétique. Tout y est léché, du casting prestigieux des voix de doublage aux références au cinéma japonais. Mais aussi effrayants soient les chiens mécaniques de métal – évidemment obéissants – des forces de l’ordre, aussi cauchemardesques soient les tas d’immondices rejetés par une société de consommation inconsciente, aussi violente soit cette fable politique qui résonne avec l’état du monde… aucune émotion ne surgit de cette île peuplée d’ostracisés miséreux. Que s’est-il passé ? Trop de beauté cinématographique ? Trop de cérébralité ? Toujours est-il que, réellement émerveillés, nous sommes restés de marbre. • Mireille Peña