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[zoom] Dilili à Paris

(France 2018) animation de Michel Ocelot.
Durée : 1h35.

Note de la rédaction :

Une mère gronde dans une langue étrangère sa petite fille qui épluche trop lentement les maniocs. Nous ne sommes pas en Afrique, mais bien au cœur de Paris au début du 20e siècle, dans un de ces “villages indigènes” que les Parisiens visitent comme s’ils étaient au zoo. La petite fille, c’est Dilili, une métisse franco-kanake qui fait la connaissance d’Orel, un jeune livreur en triporteur qui devient vite son ami. « Parles-tu français ? », lui demande-t-il. « Mieux que toi, en Nouvelle-Calédonie, j’ai eu une institutrice, Louise, qui m’a tout appris », lui répond-elle. Louise, c’est Louise Michel, qui enseigna en effet aux enfants kanakes lors de son emprisonnement au bagne. Attendri par sa curiosité, Orel embarque Dilili dans son triporteur pour lui faire découvrir la capitale et observer les humains qui y vivent : « Chacun son tour », dit-elle.
Mais la grande ville est dangereuse pour les petites filles : les Mâles-Maîtres, moitié secte, moitié malfrats, enlèvent chaque jour des fillettes pour les réduire en esclavage…

Vingt ans après Kirikou et la sorcière, Michel Ocelot explore le territoire français du racisme et de la misogynie dans une fable éclatante de poésie. Ses personnages lumineux agissent sur fond de photographies actuelles d’un Paris dont les monuments n’ont pas changé, un Paris où le colonialisme et les injustices faites aux femmes s’entremêlent à la beauté et au talent. Paris des lumières, de l’intelligence et de l’art, Paris des forces rétrogrades. On y croise Louis Pasteur, Pablo Picasso, Marcel Proust, Toulouse-Lautrec, Gustave Eiffel, Eric Satie… mais surtout celles qui vont s’unir pour sauver toutes ces petites filles disparues : Marie Curie, Louise Michel, Sarah Bernhardt et la diva Emma Calvé, magnifiquement portée par la voix de Nathalie Dessay.

Dilili à Paris, outre qu’il transmet un message d’intelligence, est d’une plastique somptueuse. On y rejoint les égouts à bord d’un bateau-cygne en partant du mythique lac de l’Opéra de Paris, on se promène au musée d’Orsay, dans l’atelier de Rodin, entre les sculptures de Camille Claudel, on parcourt un tableau du Douanier Rousseau sur le dos d’un félin. Les effets plastiques s’enchaînent, la magie opère.
Un film à voir quel que soit son âge, mais à conseiller à partir de 6 ans, les plus jeunes pouvant se perdre dans ce dédale historique. Encore que…

« Moi aussi, je connais Paris, j’y suis déjà allée avec papi et mamie ! » (Maéva, 6 ans)